Vues d'Afrique revient en force pour la 24e présentation de son festival de cinéma, qui se tient jusqu'au 20 avril. Avec plus de 130 films documentaire et de fiction, présentés dans cinq salles montréalaises (ONF, Cinémathèque, Beaubien, Parc, Impérial) le menu dépasse largement celui de l'an dernier.

«Nous avons désormais des films d'Allemagne, de Grèce, d'Israël. Alors si notre sujet principal reste l'Afrique, nous ne montrons plus seulement du cinéma africain» dit Dominique Olier, responsable du volet international de la programmation.

Voici nos humbles suggestions pour la mouture 2008, qui promet quelques moments forts.

Muyurangabo de Lee Isaac Chung (Rwanda, Corée du Sud, États-Unis)
L'amitié improbable entre deux jeune Rwandais d'origine ethnique opposée. Un film d'auteur lent, superbe et hypnotique, qui évoque subtilement les fantômes du génocide. Insolite: il a été réalisé par un Américain d'origine sud-coréenne, ancien étudiant en bio et en médecine, qui a tout laissé tomber pour le cinéma.
Cinéma Beaubien, mercredi 16 avril, 18 h, en présence du réalisateur.

Ezra de Newton Aduaka (Nigéria-France)
Lors du conflit en Sierra Leone, un enfant soldat tue ses parents pendant l'attaque de son propre village. Trois versions de cette histoire sont ici racontées. Un film-choc, dont les acteurs sont, pour la plupart, d'anciens enfants soldats. Et la preuve, en 102 minutes, que le Nigeria ne produit pas seulement des «cheap» films en vidéo. Gagnant de la Licorne d'or au Festival d'Amiens
Cinéma du Parc, ce soir 20h30, mercredi 16 avril 20h30.

La Noire de de Ousmane Sembene (Sénégal-France)
Un couple de Français ramène chez lui la bonne qu'ils avaient au Sénégal. L'histoire finira mal. Réalisé en 1966, ce long métrage est considéré comme le premier film du cinéma d'Afrique noire. Une influence pour le cinéma africain, mais aussi pour les cinéastes noirs américains des années 60 et 70. Présenté dans le cadre d'une rarissime rétrospective Ousmane Sembene.
Cinémathèque, mercredi 16 avril 20h30, samedi 19 avril, 21h.

As Old as my Tongue de Andy Jones (Tanzanie-Royaume-Uni)
Originaire de Zanzibar, Bi Kidude est probablement la plus vieille chanteuse sur terre. Reine du «taarab», cette légende vivante est acclamée dans le monde, mais suscite toujours la controverse dans son propre pays (musulman) où on lui reproche ses écarts féministes. Un siècle de vie et de combats, raconté en 66 petites minutes très ridées.
ONF, mercredi 16 avril 20h30, samedi 19 avril, 18h

Sentence criminelle de Victor Onana (Cameroun)
Selon plusieurs, l'avenir du cinéma africain passe par le numérique. Un volet complet du festival est consacré aux jeunes réalisateurs qui adoptent cette technologie plus légère et moins coûteuse. Avec son histoire de jalousie qui tourne mal, Sentence criminelle incarne bien ce nouveau courant, qui semble particulièrement fort au Cameroun.
Cinéma Beaubien, lundi 14 avril, 20h30

Musique Maestro de Frantz Voltaire (Quebec-Haïti)
Le saviez-vous? Une des légendes de la musique haïtienne vit ici, à Montréal. Âgé de 88 ans, Joe Trouillot a fait le tour du monde avec son orchestre, pendant les années 50. Ce personnage flamboyant est largement interviewé dans ce documentaire fort instructif sur la musique haïtienne d'une autre époque, et sur le saxophoniste Issa El Saieh en particulier.
Cinéma du Parc, 12 avril 15h30.

Memory Books de Christa Graf (Allemagne-Mozambique)
Malgré ses efforts de plus en plus efficaces pour enrayer le VIH, l'Ouganda détient toujours le record du nombre d'orphelins du sida. Un projet a été lancé dans ce pays pour que les enfants n'oublient pas d'où ils viennent: on demande aux parents malades d'écrire des livres contenant l'histoire de leur famille. Un documentaire relate ce bouleversant travail de mémoire.
ONF, lundi 14 avril 20h30, vendredi 18 avril 18h