Sur le plateau de Piché entre ciel et terre, la ressemblance entre Michel Côté et Robert Piché est une évidence. «On m'a déjà dit que j'avais aussi des airs de famille avec Claude Dubois et Guy Lafleur», s'amuse le comédien qui, avec son fils, Maxime Le Flaguais, interprète le célèbre commandant.

Pourtant, en dépit de la quasi-gémellité des deux hommes, Michel Côté précise qu'il n'est pas question d'imiter le commandant qui, en 2001, a réussi l'atterrissage d'urgence d'un Airbus aux Açores.

«On y va vraiment avec les émotions, assure le comédien. Le commandat Piché a fait un geste de survie totale, mais les médias ont ressorti son passé, ce qui l'a empêché de vivre pleinement ce moment historique. Tout vient le rattraper, il a dû alors poser lui-même sa vie en atterrissage forcé pour devenir un homme libéré de tout, qui peut se vanter d'être libre.»

Ce voyage intérieur est aussi le pari que tente de relever le réalisateur Sylvain Archambault. Arrivé après la défection de dernière minute d'Érik Canuel, Sylvain Archambault a jugé nécessaire de revenir, avec le scénariste Ian Lauzon, vers un film intérieur.

«C'est beaucoup plus psychologique», croit Sylvain Archambault. Avec l'histoire du commandant Piché, le réalisateur s'attaque à un autre mythe de l'histoire moderne du Québec. «C'est ce que j'ai fait avec les Lavigueur ou avec le Canadien: je raconte l'histoire plus que des histoires», croit-il.

Sur le plateau, après deux semaines de tournage, Robert Piché est toujours présent. «Je ne suis pas intimidé: je le prends comme un conseiller, et c'est un grand avantage de l'avoir», affirme le réalisateur. Le commandant a lui aussi travaillé avec Michel Côté, notamment pour lui raconter son atterrissage.

L'expérience de tournage ravive aussi chez Robert Piché des émotions fortes. «Quand tu vis les choses, tu n'as pas le temps de t'occuper de tes émotions. Quand je vois Michel Côté jouer des scènes de ma vie, cela vient me chercher pas mal. Mais il faut que je laisse les professionnels faire leur travail», s'amuse-t-il. Michel Côté accorde aussi toute sa confiance à Sylvain Archambault, un réalisateur avec lequel il tourne pour la première fois.

«J'adore Érik Canuel, donc sur le coup c'était de l'inconnu. Mais comme j'ai fait plus de la moitié de mes films avec des réalisateurs qui tournaient pour la première fois et que Sylvain a beaucoup d'expérience... Je pense qu'on vit une belle histoire», explique Michel Côté.

En adaptant au cinéma l'histoire du commandant Piché, Sylvain Archambault ne s'inquiète pas du sort que le film connaîtra en salle. «Je ne tourne pas en pensant à la popularité», dit celui qui a réalisé Pour toujours les Canadiens, qui sortira sur 100 écrans le 4 décembre pour le centenaire du Tricolore.

«Quand il est terminé, le film ne m'appartient plus. J'essaie de bien faire mon boulot. Le film a un énorme potentiel de masse et peut aussi voyager», dit-il. Quant au budget de 7 millions, qu'Érik Canuel avait jugé trop faible, Sylvain Archambault le trouve «acceptable».

«Je ne sens pas le manque d'argent. J'aurais pu avoir 3 millions de plus, je n'aurais pas fait le film autrement. Il n'y a aucune carence de production», dit-il. Le film, produit par Pixcom, se tournera jusqu'en octobre. Il sera distribué en 2010 par TVA Films.