Cinq ans après Brokeback Mountain, qui lui a valu une nomination aux Oscars, Michelle Williams se distingue de nouveau grâce à Blue Valentine, un film déchirant sur la vie conjugale, dans lequel elle donne la réplique à Ryan Gosling.

 

Un homme, une femme. Ils se rencontrent, s'aiment, vivent le parfait bonheur, fondent une famille. Puis, sans que personne ne puisse comprendre, encore moins expliquer pourquoi, le désir s'éteint. L'amour mutuel s'étiole, entraînant une détresse psychologique dont les deux partenaires auront du mal à se remettre. Deux êtres amoureux à s'en étourdir un jour en viennent à se détester le lendemain. Parce que c'est ainsi. C'est humain, presque banal. Et criant de vérité.

Quand l'auteur-cinéaste Derek Cianfrance lui a présenté le scénario de Blue Valentine pour la première fois, il y a huit ans, Michelle Williams était une jeune adulte. Et elle sortait tout juste de Dawson's Creek, série télé destinée à un public ado, où elle a tenu un rôle pendant six ans.

«Cette lecture m'a complètement bouleversée, s'est rappelé l'actrice au cours d'une entrevue accordée à La Presse, le mois dernier à New York. Dès ce moment, le personnage de cette jeune femme est devenu une espèce de fantasme d'actrice. Il a occupé tout l'espace, comme s'il s'agissait d'un rêve. Au fond, ça ne me dérangeait pas que le film se heurte à autant de difficultés avant d'être mis en chantier. Pendant toutes ces années, j'ai ainsi eu l'occasion d'alimenter mon fantasme. Je vous dirais aussi que j'ai été chanceuse que ce long métrage n'ait pas été fait avant. Je crois qu'à 22 ou 23 ans, je n'aurais pas eu la maturité requise pour camper cette femme.»

Une remise en question

Ayant récemment franchi le cap de la trentaine, celle qui fut révélée au cinéma par Brokeback Mountain a eu l'occasion de mûrir au cours des dernières années. Un drame de nature très personnelle - vécu publiquement - a notamment marqué sa vie. Après la mort de Heath Ledger, dont elle était déjà séparée depuis quelques mois, Michelle Williams a pris congé du cinéma afin de se recentrer sur sa vie. Surtout, elle s'est consacrée entièrement à leur fille, aujourd'hui âgée de 5 ans.

«Je me suis beaucoup remise en question au cours de cette année passée loin des plateaux, explique-t-elle. À vrai dire, je me suis même demandé s'il valait la peine de poursuivre dans ce métier ou s'il n'était pas préférable que je me tourne vers autre chose. Si je n'avais pas eu un projet aussi fort que Blue Valentine pour me raccrocher à ma carrière, peut-être aurais-je tout simplement abandonné. C'est grâce au film de Derek que j'ai eu ma réponse: oui, ce métier vaut la peine d'être exercé.»

Issu du documentaire, Derek Cianfrance a écrit la première ébauche de Blue Valentine il y a une douzaine d'années. Soixante-six réécritures plus tard, son film existe enfin, avec deux acteurs qui se sont investis à fond dans cette histoire modulant une relation conjugale en deux temps: les années de plénitude, puis, quelques années plus tard, la déchirure.

Pressenti il y a quatre ans, Ryan Gosling s'est aussi jeté corps et âme dans l'aventure, même s'il a abordé le film de manière un peu différente que sa partenaire.

«Avant ce film, j'admirais déjà Ryan, mais je ne le connaissais pas du tout, précise Michelle Williams. Le simple fait qu'il accepte de jouer dans ce film validait mon choix, d'une certaine façon. Pour un comédien, le partenaire de jeu représente tout. Surtout dans un drame intimiste comme celui-là. Contrairement à moi, Ryan adore improviser. Il était ravi quand Derek nous a demandé un jour de ne plus tenir compte de son scénario et d'improviser pendant toute une nuit! De mon côté, j'étais terrorisée, mais j'ai finalement adoré mon expérience! Comme Ryan et moi ne nous connaissions pas auparavant, on trouvait important que la rencontre se fasse devant la caméra. Et Derek tenait à tout capter, à ce que tout soit le plus authentique possible.»

Des scènes difficiles

La comédienne affirme avoir presque nagé dans le bonheur au cours de la première partie du tournage, à l'image de son personnage d'amoureuse comblée.

«J'aurais voulu rester dans cet état pour le reste de ma vie! dit-elle. C'était agréable à un point tel que je ne voulais plus tourner l'autre partie du film. Je n'avais pas envie d'aller visiter ces zones-là. Il a fallu arrêter le tournage pendant un mois, histoire d'apprendre à se détester, Ryan et moi, par personnages interposés. Il y avait des scènes très difficiles à tourner, mais je pouvais tout de même rentrer chez moi le soir auprès de ma fille et décrocher de cette douleur.

«Ce genre de film prend beaucoup de quelqu'un, mais il lui donne aussi beaucoup en retour, poursuit-elle. C'est comme une belle relation. Je ne sais pas s'il s'agit du rôle de ma vie, mais je sais, en tout cas, que cette expérience restera unique dans mon existence.»

Après le tournage de Blue Valentine, Michelle Williams a retrouvé le chemin des plateaux de films indépendants. «Parce que c'est là que je suis heureuse», fait-elle remarquer. Elle s'est notamment glissée dans la peau de Marilyn Monroe pour My Week with Marilyn de Simon Curtis et elle a tourné sous la direction de Sarah Polley dans Take this Waltz, le nouveau drame de la réalisatrice de Away from Her.

Blue Valentine prend l'affiche en version originale le 14 janvier.

 

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (The Weinstein Company).