David Lynch a eu droit à plusieurs ovations jeudi pour son retour à Cannes où il n'était pas venu depuis 15 ans : le réalisateur, Palme d'or pour Wild at Heart en 1990, a présenté la troisième saison de Twin Peaks qui marque son retour derrière une caméra.

À la fin de la projection des deux premiers épisodes de la série culte, le public du Grand Théâtre Lumière a offert une nouvelle ovation longue de plusieurs minutes au cinéaste américain, manifestement ému aux côtés de son acteur fétiche, Kyle MacLachlan, alias l'agent Dale Cooper.

Deux heures plus tôt, après avoir posé en haut des marches sous les flashes des photographes, il avait également été accueilli par des applaudissements nourris et des «We love you David!».

«Il aurait réalisé un documentaire d'animation de deux minutes, on l'aurait quand même invité. Car le retour de David Lynch derrière la caméra est un événement», a déclaré Thierry Frémaux, délégué général du Festival, en accueillant le réalisateur de 71 ans.

Il a rappelé que le président du jury de Cannes en 2002 avait déclaré: «Si le cinéma doit mourir, c'est en France qu'il poussera son dernier soupir».

Dès les premières notes de la musique originale créée par Angelo Badalamenti, des applaudissements chaleureux ont de nouveau salué le générique de la série, dont l'intrigue se déroule dans une bourgade aux inquiétantes étrangetés, quelque part à la frontière nord-ouest du pays, là où la brume enveloppe la forêt et ses nombreux mystères.

Parmi eux, le meurtre de Laura Palmer (Sheryl Lee), que résolvait l'agent Dale Cooper après deux saisons et un long métrage, Twin Peaks: Fire Walk With Me, présenté en compétition en 1992. Il fallait alors prêter une très grande attention à une séquence de l'ultime épisode où Palmer prévenait Cooper: «Nous nous reverrons dans 25 ans».

Pas fini avec le cinéma 

L'oracle avait donc parlé. Mais le retour de Twin Peaks était-il vraiment prévu? «Dans mon inconscient peut-être, mais certainement pas de façon consciente. Dans mon esprit, j'avais mis un point final à la série. J'ai cependant toujours confié que je ne cesserais jamais de penser à Twin Peaks, de me poser des questions sur son intrigue et d'imaginer ce qu'il pourrait bien advenir de ses personnages», explique Lynch dans une entrevue diffusée sur le site du Festival.

Dès le début, comme un enchaînement évident des évènements passés, un dialogue déroutant, forcément, a lieu entre l'agent Cooper et Laura Palmer, dans la fameuse chambre rouge où tous les fantasmes et toutes les peurs naissent.

Presque deux heures durant, on voit réapparaître des personnages connus, comme la femme à la bûche, et des nouveaux venus dans l'univers lynchien comme Jennifer Jason Leigh. Ce qui perdure enfin, ce sont ces scènes angoissantes voire horrifiques, dont une a fait pousser quelques cris et des «Wow» de jubilation dans le public.

La projection des deux premières heures de cette troisième saison, qui en comporte 18 au total, n'était toutefois pas une exclusivité: ces deux épisodes ont déjà été diffusés sur Showtime aux États-Unis.

L'artiste, qui était revenu à ses premières amours de plasticien ces dernières années, en a-t-il pourtant fini avec le 7e art, comme il l'a laissé entendre dans plusieurs entrevues au cours de la promotion de Twin Peaks?

«Non, mes propos ont été mal rapportés. Je n'ai pas dit que j'arrêtais le cinéma. Simplement que nul ne sait ce que réserve l'avenir», a répondu Lynch.

AFP

David Lynch fait une accolade à Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.