Pom Klementieff est familière avec le sentiment d'être l'étrangère, celle qui vient d'ailleurs. Née à Québec il y a 30 ans, d'une mère coréenne et d'un père franco-russe alors consul pour le gouvernement français, elle a vécu un an dans la Belle Province avant que la famille ne mette le cap sur le Japon, puis sur la Côte d'Ivoire. Elle avait 5 ans quand elle a planté ses racines à Paris. Dans des circonstances difficiles. Des drames, échelonnés sur deux décennies, ont en effet secoué sa famille, donc elle par ricochet. Cancer, maladie mentale, suicides.

C'est ce qui l'a poussée à quitter l'Europe et à s'installer aux États-Unis en 2013, après le tournage du remake d'Oldboy par Spike Lee, dans lequel elle campe le rôle de Haeng-Bok. « Je suis venue à Los Angeles à cause de raisons familiales. Des choses tristes m'ont poussée à partir. Mais je suis tombée amoureuse de cette ville, celle du cinéma, celle qui me faisait rêver », a-t-elle indiqué dans l'entrevue qu'elle a accordée à La Presse.

Cette ville où, au départ, elle a une fois de plus été l'étrangère, celle qui vient d'ailleurs. C'est peut-être ce que, à son contact, a (res)senti le réalisateur James Gunn, qui a auditionné beaucoup d'actrices avant de la choisir, elle, pour incarner Mantis dans Guardians of the Galaxy Vol. 2.

Une nouvelle venue dans cet univers. Une étrangère pour les Gardiens rencontrés en 2014 dans le mégasuccès qui a rapporté plus de 773 millions au box-office. Une extraterrestre qui a grandi seule en compagnie du bien nommé Ego (Kurt Russell), qui se présente comme le père de Peter Quill/Star-Lord (Chris Pratt). Une « alien » qui porte en elle une tragédie. Sur laquelle elle demeure discrète. Comme Pom Klementieff sur les siennes.

« J'ai vécu assez jeune des trucs que les gens vivent en général plus tard. Pour moi, ça a été... en concentré », laisse tomber celle qui a étudié à la réputée école de théâtre du Cours Florent, à Paris, pour « être sur scène et créer des personnages »: « C'est libérateur. Et puis, c'est ennuyeux d'être soi-même tout le temps ! » Elle éclate alors de rire.

Dualité

En quelques secondes, elle démontre que son prénom, inusité, colle à sa personnalité : ses parents l'ont appelée ainsi parce que la prononciation de Pom ressemble, en coréen, à celle des mots « tigre » et « printemps ». Cela lui sied. Il y a des deux en elle. De la force. De la fraîcheur.

Il y a aussi cela en Mantis, créature... disons, humanoïdo-entomologique. Plus coccinelle que mante religieuse, par contre. « On a essayé plein de trucs pour trouver le look du personnage. Beaucoup d'essais de maquillage, de coiffure, de lentilles cornéennes, de couleurs de peau et de cheveux. C'était hyper intéressant parce que j'ai fait partie du processus de création. »

Mantis, donc, résume la comédienne - qui, en français, a joué dans Après lui de Gaël Morel, Sans arme, ni haine, ni violence de Jean-Paul Rouve et encore dans Loups de Nicolas Vanier -, « peut sentir les émotions de ceux qu'elle touche ; elle peut aussi les calmer et, même, modifier les sentiments des autres ».

Ce sont, en tout cas, les pouvoirs exploités dans ce film-ci. Elle en possède d'autres, qui pourraient être mis en valeur dans d'autres volets du Marvel Cinematic Universe, où elle ne fait pas que passer: elle fera partie d'Avengers - Infinity War, qu'elle a déjà commencé à tourner. Et elle sera incontestablement des prochains volets de Guardians of the Galaxy.

Elle s'en montre ravie... mais ne cache pas la surprise qu'elle a eue quand elle a découvert l'importance du personnage: « J'ai toujours rêvé de jouer une "alien" et d'avoir un rôle dans un film Marvel. Mais être de la distribution de la suite de Guardians of the Galaxy, que j'ai tellement aimé, et d'être dirigée par James Gunn, c'était au-delà du rêve. Quand j'ai signé le contrat, honnêtement, je ne me suis même pas interrogée sur l'importance du rôle. »

Originalité

Elle ignorait donc que Mantis était « le nouveau Gardien de la galaxie », dit-elle en rigolant. « Les choses sont tellement tenues secrètes chez Marvel... enfin, peut-être pas pour les stars, mais dans mon cas, j'ai découvert l'ampleur de ma participation quand j'ai reçu le scénario, après avoir été engagée. »

Sa réaction : de la joie. Non seulement pour l'importance du personnage dans le long métrage, mais aussi pour le personnage lui-même. Qui, de plusieurs manières, la ramène à elle, à ses déracinements, à ses drames. 

« C'est sûr qu'on s'inspire de choses que l'on a vécues, c'est ce qui est intéressant dans le jeu, ce côté cathartique. »

Et puis, il y avait l'originalité de Mantis: « Elle est drôle et touchante, elle est un peu comme une enfant, elle pose des yeux innocents sur le monde et les gens, car elle a grandi seule. Les Gardiens lui ouvrent un monde nouveau et plein de possibilités. Aussi, on offre là un autre genre de personnage féminin: on avait déjà Gamora [Zoe Saldana] et Nebula [Karen Gillan], qui sont fortes et "bad ass", alors que moi, j'arrive avec un personnage... bizarre, différent. »

Un personnage qui, selon le canon Marvel, pourrait toutefois révéler de formidables aptitudes physiques. Peut-être pour cela que Pom Klementieff s'entraîne à la boxe.

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Guardians of the Galaxy Vol. 2 (Les gardiens de la galaxie vol. 2) prend l'affiche le 5 mai.

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.

PHOTO JORDAN STRAUSS, INVISION/ASSOCIATED PRESS

« [Mantis] est drôle et touchante, elle est un peu comme une enfant, elle pose des yeux innocents sur le monde et les gens, car elle a grandi seule », affirme Pom Klementieff, photographiée mercredi à la première mondiale de Guardians of the Galaxy Vol. 2.