Édgar Ramírez est l'un de ceux à qui les cinéastes font le plus appel en ce moment. Après Carlos et Simón Bolívar, et avant Roberto Duran et Point Break, l'acteur vénézuélien s'est glissé dans la peau d'un prêtre rompu aux phénomènes paranormaux.

Depuis Carlos, la minisérie d'Olivier Assayas qui lui a valu de nombreux éloges, Édgar Ramírez enchaîne les projets intéressants, tant en Amérique latine qu'ailleurs dans le monde. Hasard ou choix délibéré, l'acteur doit souvent interpréter des personnages existants, ou à tout le moins inspirés d'individus dont les vies sont bien ancrées dans la réalité.

«Il s'agit plutôt d'une coïncidence, précise-t-il au cours d'un entretien téléphonique accordé à La Presse. Il se trouve que ce sont souvent des personnages intéressants dont le parcours est complexe et multiple. Pour un acteur, c'est très attirant.»

Dans Libertador, un film d'Alberto Arvelo qui devrait en principe gagner l'Amérique du Nord à l'automne, il interprète Simón Bolívar, figure historique et emblématique de l'Amérique du Sud. Dans Hands of Stone, aussi réalisé par un compatriote (Jonathan Jakubowicz), il incarne le boxeur Roberto Durán. Tout récemment, il a été appelé à remplacer Gerard Butler dans le remake de Point Break. C'est finalement lui qui reprendra le rôle créé à l'époque par Patrick Swayze.

Un univers différent

Dès mercredi, nous pourrons voir Ramírez évoluer dans un univers complètement différent. Dans Deliver Us From Evil (Délivrez-nous du mal en version française), un thriller paranormal réalisé par Scott Derrickson (Sinister), il incarne le père Mendoza, un prêtre du Bronx en proie à des conflits intérieurs, appelé à soutenir un policier (Eric Bana) dans une enquête marquée par des phénomènes étranges.

Le récit, fictif, est néanmoins inspiré d'un bouquin qu'a publié Ralph Sarchie, un ancien policier qui, dans l'exercice de ses fonctions, a été aux prises avec des événements de même nature.

«J'ai été très attiré par la complexité de cette histoire, fait valoir l'acteur. Scott Derrickson emprunte une approche très respectueuse. Cela me semble plus rare dans les films de ce genre. D'ailleurs, j'avais déjà été très impressionné par l'un de ses films précédents, The Exorcism of Emily Rose. The Exorcist mis à part, je crois qu'il s'agit du seul film de cette nature qui m'ait vraiment fait peur. Quand j'ai su que Scott était aux commandes de Deliver Us from Evil, j'ai été d'autant plus intrigué. En lisant le scénario, j'ai compris pourquoi ses films sont si efficaces. Scott aborde le genre avec élégance et ses personnages sont complexes et riches en contradictions. J'ai tout de suite dit oui!»

Reconnu pour beaucoup travailler ses personnages, Édgar Ramírez, aux yeux mêmes du réalisateur, a enrichi le personnage d'une dimension qui n'était pas aussi présente dans le scénario.

«Souvent, dans ce genre d'histoires, les prêtres arrivent en croyant détenir la vérité, explique l'acteur. Je ne voulais pas de ce cliché-là. Mendoza a fait des erreurs dans le passé. Il est la proie de conflits intérieurs et il est à même de comprendre la souffrance des gens. Il sait ce qu'est l'impression de ne plus maîtriser sa vie. Le personnage est un amalgame de trois prêtres existants, que je n'ai pu rencontrer.

«En revanche, ajoute Ramírez, je suis allé discuter avec des hommes de foi qui ont fait de la prêtrise leur vocation pour comprendre la pulsion qui les motive. Pourquoi un prêtre en vient-il un jour à pratiquer des exorcismes? À quel besoin cela correspond-il? En parlant avec eux, j'en suis venu à la conclusion qu'il s'agit avant tout d'un geste de compassion envers des gens qui souffrent atrocement. J'ai d'ailleurs pu voir sur vidéo de vrais exorcismes. C'est moins spectaculaire qu'on ne pourrait l'imaginer, mais en même temps, c'est encore plus effrayant. Parce que la douleur toute crue est là. Et tu la ressens de façon bien tangible.»

Beaucoup d'intensité

La réalité est une chose, le cinéma en est une autre. Forcément, des moments plus légers ont ponctué le tournage de ce film très sombre, mais parfois, l'atmosphère n'en restait pas moins lourde.

«Quand tu fais un film de genre, certaines conventions doivent être respectées pour que ça fonctionne, fait remarquer l'acteur. Bien sûr, tout cela reste du cinéma, mais il faut quand même faire les choses sérieusement. Sur le plan émotif, nous étions tous très impliqués dans cette histoire.

«Sans rien révéler du dénouement de l'histoire, poursuit-il, on peut quand même dire qu'il y a une scène très intense vers la fin du récit, menée par le père Mendoza. Il s'agit d'une scène assez longue que Scott souhaitait réaliser sans trop s'appuyer sur le montage. Techniquement, nous avons joué cette scène comme le dernier acte d'une pièce de théâtre, à la différence que nous n'avions répété que pour la position des caméras avant de la tourner. Ce fut un très grand défi.»

> Deliver Us from Evil (Délivrez-nous du mal) prend l'affiche le 2 juillet.

Un ancien Montréalais d'adoption

Édgar Ramírez est un citoyen du monde. Fils de diplomate vénézuélien, il a été appelé à beaucoup voyager pendant son enfance. Après des études en journalisme, le jeune adulte qu'il était à la fin des années 90 a décidé de venir s'installer à... Montréal! L'acteur a en effet résidé dans la métropole québécoise pendant quelques mois.

«J'ai toujours été attiré par le Canada, dit celui qui, outre l'espagnol, maîtrise l'anglais, l'allemand, l'italien et le français. Je ne m'expliquais pas cette attirance au départ, mais c'est en m'y rendant que j'ai compris. Particulièrement à l'égard du Québec. Il y a chez vous une combinaison parfaite entre le confort de l'American way of life et l'art de vivre européen. C'est un dosage magnifique et parfaitement équilibré. C'est aussi chez vous que j'ai eu mon premier contact avec la langue française. J'ai ensuite pu aller travailler en France. J'ai adoré le temps que j'ai passé à Montréal!»

Même s'il vit en permanence dans ses valises, Édgar Ramírez fait toujours du Venezuela son port d'attache.

«Cela dit, j'ai passé la dernière année entre le Panama, où je me suis entraîné pour le film Hands of Stone, et New York, le lieu de tournage. Mais j'aime ce régime de vie. Ça me rend heureux!»

Des séances d'exorcisme en cinq films marquants...

THE EXORCIST (1973), William Friedkin

Le film référence auquel se mesurent tous les autres. Mettant en vedette la jeune Linda Blair, entourée d'Ellen Burstyn et de Max von Sydow, The Exorcist alimente des cauchemars depuis 40 ans...

BEETLEJUICE (1988), Tim Burton

Même s'il emprunte le ton de la comédie plutôt que celui du film d'épouvante, le deuxième long métrage de Tim Burton évoque néanmoins le phénomène de l'exorcisme en faisant appel à un être doté de pouvoirs spéciaux pour se débarrasser des démons...

THE EXORCISM OF EMILY ROSE (2005), Scott Derrickson

Édgar Ramírez affirme que ce film réalisé par le réalisateur de Deliver Us From Evil est le plus affolant qu'il ait vu, à part The Exorcist. Laura Linney, Tom Wilkinson et Jennifer Carpenter en sont les têtes d'affiche.

THE LAST EXORCISM (2010), Daniel Stamm

Un sondage non scientifique auprès d'amateurs du genre indique que ce film en forme de faux documentaire occuperait une place de choix dans leur palmarès. Dont acte !

THIS IS THE END (2013), Evan Goldberg et Seth Rogen

Qui a dit qu'une séance d'exorcisme ne pouvait pas être drôle ? Dans l'hilarant film This Is the End, un segment entier du film, intitulé The Exorcism of Jonah Hill, est consacré à une tentative d'extirper le diable qui s'est emparé du corps de l'acteur...