Il ne «tweete» pas, il ne «surfe pas des heures sur Internet» et quand il rêve, «comme les chiens, c'est en noir et blanc». Tim Burton ne faillit décidément pas à sa réputation d'homme hors du système même s'il se prête de bonne grâce au jeu de la promotion très cadrée pour le long métrage d'animation Frankenweenie, qu'il a produit et réalisé pour les studios Disney.

Un film de marionnettes en 3D, réalisé image par image, qui a permis à Tim Burton d'aller puiser à l'envi dans tous ses souvenirs d'enfance «peuplés de monstres, de sorcières et de chauve-souris», a raconté mercredi aux journalistes le réalisateur, plus échevelé que jamais, dans la salon d'un palace parisien.

Par surcroît, ce Frankenweenie, présentement à l'affiche au Québec, a pour Burton le doux parfum de la nostalgie. Il avait en effet réalisé un court-métrage éponyme en prises de vues réelles et distribué par Disney pour qui il travaillait en 1984. Sauf que de son propre aveu, chez cet ex-employeur, il n'était «ni un bon dessinateur, ni un bon animateur». Burton était en effet un «adepte de la capture de mouvements», nourri aux classiques tels que King Kong, en opposition donc «à la fluidité caractéristique des images Disney».

Résultat: «Je me suis fait virer!», lâche Burton dans un éclat de rire. D'où un demi sentiment de revanche vingt-huit ans plus tard, après qu'il a repris et développé les personnages et l'histoire du court-métrage original.

Du côté de l'inspiration, c'est dans sa petite enfance qu'a puisé le réalisateur «fan de films d'horreur». «Cela ne faisait pas de moi un gosse anormal ni un monstre», poursuit-il. «Au contraire, j'avais l'impression que c'est parmi mes petits camarades, filles et garçons, que se trouvaient les gens bizarres», ajoute celui qui gamin, se rêvait gagnant sa vie en «savant fou ou en Godzilla en costume». Des muses un peu hors-norme et qui font de Tim Burton, 54 ans, le champion d'un cinéma fantastique teinté d'héroïsme gothique.

Pourtant, quand il écrit, les idées lui viennent simplement, «en regardant par la fenêtre le spectacle de la nature». Pas geek pour un sou, Burton ne «surfe pas des heures sur Internet et ne tweete pas». Des activités «bien trop chronophages» à son goût.