L'événement redonne vie au Stade olympique chaque automne. Samedi, le Supermotocross devrait attirer quelque 50 000 amateurs de sensations fortes, comme à chaque année depuis 34 ans. Mais derrière le spectacle se cache un sport, parmi les plus exigeants.

Le motocross est le sport ultime. Voilà une affirmation qui risque d'en faire sursauter plus d'un. Pourtant, études à l'appui, il s'agit bel et bien de l'un des sports les plus exigeants de la planète. Devant le cyclisme et le vélo de montagne. Le motocross? C'est un sport motorisé! Motorisé! C'est le moteur qui fait l'essentiel du travail, non?

Eh bien, messieurs dames, sachez que c'est une grossière erreur de penser cela. Selon des chercheurs du Centre des sciences de la santé de l'Université de Floride, le rythme cardiaque des pilotes de motocross professionnels pendant une finale de 30 minutes oscille entre 177 et 183 battements-minute, avec une moyenne atteignant de 92 à 96% de leurs battements maximum. C'est en effet plus exigeant que les épreuves cyclistes ou de vélo de montagne de semblable intensité. Pour avoir une petite idée de ce que ça implique, voyez vous-même cette impressionante vidéo du 'crack' australien Chad Reed.

«J'ai déjà lu que le motocross était le deuxième sport le plus exigeant après le soccer, soutient Ben Milot, ancien coureur aujourd'hui spécialiste en freestyle, ces spectaculaires compétitions de haute voltige. Le corps est tellement sollicité de partout, les jambes, les bras, les doigts, on est constamment en train de s'asseoir et de se relever de la selle, c'est très exigeant.»

«Beaucoup de gars frappent un mur quand ils arrivent à 15-16 ans, ajoute de son côté l'ancien champion canadien Jean-Sébastien Roy. Ils s'aperçoivent alors que ça prend beaucoup d'entraînement. Ce sont les plus en forme et les plus disciplinés qui finissent premiers, car ça devient carrément un job. Tu ne peux plus simplement mettre du gaz dans la moto et aller tourner dans un 'pit' de sable.»

C'est aussi quand l'entraînement est insuffisant que la fatigue se fait ressentir. Et qui dit fatigue dit accidents. «L'orgueil fait que certains pilotes ne veulent pas lâcher, ils continuent malgré le fait que les bras et les jambes n'avaient plus de force, et les accidents arrivent vite en motocross», explique Kaven Benoit, vice-champion canadien en MX2, l'antichambre de la catégorie reine MX1.

En fait, les blessures font partie du motocross, plus que dans aucun autre sport. Milot, Benoit et Roy ont chacun subi des dizaines de fractures, commotions cérébrales et blessures ligamentaires.

«Bien sûr, il faut être un peu casse-cou», avoue Kaven Benoit, 22 ans, qui de son propre aveu était un peu peureux quand il était enfant - il a commencé le motocross à 4 ans. «Mais tu dois aussi avoir tout de même conscience du risque. Les casse-cou finissent par se faire mal.»

En fait, tous les adeptes de motocross finissent par se faire mal. La question est de savoir qui veut faire de la moto pendant longtemps. «Quelqu'un qui n'est pas kamikaze va peut-être éviter les blessures graves et avoir une carrière plus longue», dit Jean-Sébastien Roy, un kamikaze qui s'est assagi, car il faisait figure de grand-père quand il a pris sa retraite à 32 ans. «Cela dit, on n'a pas le choix d'aller voir où se trouve la limite si on veut rouler parmi les meneurs. Et ça implique des chutes. Comme on dit dans le milieu, on doit prendre des échantillons de sol!»

Tout sous un même toit

Les organisateurs du Supermotocross ont eu la bonne idée cette année de tenir leur premier Salon des véhicules hors route dans le Stade olympique, à quelques pas de la piste où se dérouleront les compétitions. Le salon, ouvert du 30 septembre au 2 octobre, présentera dans un hall de plus de 7000 m2 autant les grands fabricants que des marchands indépendants. Mieux encore, les plus habiles pourront essayer certaines nouveautés directement sur une section de la piste du Supermotocross. Il faut toutefois faire vite, car seulement 1000 essais sont prévus, dimanche.





Photo fournie par Ben Milot

Ben Milot, champion québécois de freestyle, a subi sa part de blessures en 20 ans de carrière.