Varda Étienne pilote une nouvelle émission de rencontres amoureuses cet hiver. Mais pas n’importe laquelle. Chaque semaine dans Et si c’était toi ?, une personne handicapée choisit son coup de cœur après une série de tête-à-tête avec trois célibataires. Ce rendez-vous télévisuel entre en ondes lundi soir sur AMI-télé, une chaîne au service des personnes non voyantes, à mobilité réduite ou malentendantes. Nous avons discuté de représentativité, de téléréalité et d’inclusion avec l’animatrice.

La Presse : Quelle a été votre réaction quand on vous a pressentie pour animer Et si c’était toi ?

Varda Étienne : J’étais hyper flattée qu’on ait pensé à moi, mais en même temps, un peu surprise. Je n’étais pas sûre de comprendre pourquoi on m’avait choisie. Parce que je n’ai pas de handicap. J’ai un « handicap mental », c’est-à-dire que je souffre d’une maladie mentale, mais je n’ai aucun handicap physique.

LP : Pourquoi est-ce important qu’une émission comme Et si c’était toi ? existe ?

V. É. : Je vais dire un mot : inclusion. Peu importe qui tu es, que tu aies un handicap ou pas, c’est très important que tu aies les mêmes chances qu’un homme blanc hétérosexuel. On est rendu là !

PHOTO FOURNIE PAR AMI-TÉLÉ

Scène de l’émission Et si c’était toi ?

LP : Quand on parle de téléréalités amoureuses, on pense aux clichés habituels, tels des corps parfaits en maillot de bain, des gens en quête de visibilité… Aviez-vous des craintes par rapport à Et si c’était toi ? ?

V. É. : Bien sûr ! Est-ce qu’une personne en situation de handicap veut automatiquement être en couple avec quelqu’un atteint d’un handicap ? Pas du tout ! Et c’est pour ça qu’on envoyait nos participants en blind date avec toutes sortes de personnes. Et puis, je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je n’avais pas envie que ça soit une téléréalité un peu cucul avec des gens qui font pitié. Quand tu regardes la série, il n’y a pas une fois où tu as envie de dire : « Awww... Ils font donc ben pitié ! » Ce n’est pas ça pantoute. C’est une série hop la vie, qui donne espoir d’être en couple, qui montre que tout le monde peut avoir sa chance. Tu n’es pas obligé d’avoir un six-pack pour trouver l’amour. Et c’est un bon divertissement !

LP : Êtes-vous une amatrice de téléréalité ?

V. É. : Oui. C’est mon plaisir coupable. Présentement, je suis obsédée par Big Brother Célébrités. C’est la meilleure saison ! Je regarde tous les épisodes en direct. Je ne réponds pas à mon téléphone entre 18 h 30 et 19 h. Je bitche, je pitche ma télécommande, j’ai des groupes de discussion, j’appelle mes amis... Je CA-PO-TE ! Le choix des participants est parfait. Mona de Grenoble for president ! Et LeLouis [Courchesne]... C’est un excellent joueur. J’adore le haïr.

LP : On parle beaucoup de représentativité depuis quelques années. À votre avis, la télévision s’est-elle améliorée sur cette question ?

V. É. : Absolument. Il y a encore du chemin à faire, mais je vois qu’il y a un changement. Et je sais que plus ça va aller, plus il va y avoir des changements. Et pour le mieux. Pour les personnes racisées, par exemple... C’est sûr qu’il n’y en a pas encore assez, mais est-ce qu’il y en a plus qu’avant ? Absolument. J’ai des enfants de 30, 20 et 17 ans. Mes deux plus jeunes, qui consomment énormément de télé, me disent qu’il y en a pour tous les goûts aujourd’hui. Je ne pouvais pas dire ça quand j’avais 17 ou 18 ans.

AMI-télé présente Et si c’était toi ? dès lundi, à 20 h.