Juste avant de chanter L'autiste, jeudi soir dans un Théâtre Maisonneuve bondé, Nicola Ciccone nous a raconté une anecdote de son enfance dans la Piccola Italia, à deux pâtés de maisons de Parc-Extension, "le quartier le plus multiethnique au Canada".

Comment un ti-cul de Parc-Ex, qui ne cache pas que le français lui posait des difficultés à l'école, a-t-il pu devenir le parfait représentant au Québec d'une école de la chanson de variétés on ne peut plus française qu'on croirait révolue?

Plus qu'un anachronisme, Nicola Ciccone est une énigme. Il chante beaucoup de "ballades dramatiques" dans lesquelles les bons sentiments fraient souvent avec les lieux communs et les rimes prévisibles. Mais il le fait avec une telle aisance, un tel naturel que ses fans boivent ses paroles et font "hon.......", quand il les émeut avec une anecdote de son vécu.

Quand je l'ai interviewé pour son avant-dernier album, il m'a dit combien il était fier que des Québécois d'un peu partout lui avouent qu'ils sont touchés par sa chanson L'immigrant inspirée par son père mais qui s'adresse à tous ceux qui se sentent dépaysés.

Jeudi, ils étaient plusieurs à être touchés par le charme suranné de ses chansons, dont la majorité déclinent le mot amour sur tous les tons.

Dès l'instant où il est venu retrouver sur scène ses quatre musiciens discrets, il avait gagné la partie. Les spectateurs ont écouté ses chansons dans un silence religieux, ils ont tapé des mains pendant les rares chansons plus rythmées, ils ont ri de ses reparties spontanées et des blagues écrites dont il saupoudre ses monologues, ils ont craqué pour son sourire, ils ont chanté avec conviction les "oyé, oyé" des Portes du bonheur, et quelques-uns ont même sifflé pendant une autre nouvelle chanson, Marjolaine Bonjour. Parce que Nico le leur avait demandé.

Et quand, au rappel, il a chanté L'amore esiste ancora devant son auteur Luc Plamondon, 1400 spectateurs se sont liquéfiés sous l'effet de sa voix puissante et expressive.

Allez donc leur dire que ce que chante leur Nico n'a rien de bien original. Ils vous répondront probablement qu'ils retourneront l'applaudir au Théâtre Maisonneuve, qui est presque devenu sa résidence secondaire, quand il y donnera une supplémentaire aux FrancoFolies, le 20 juin.