(Toronto) La Couronne demande une peine de sept ans de prison pour le rockeur canadien Jacob Hoggard, reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement une femme d’Ottawa.

La défense, quant à elle, a recommandé une peine de trois à quatre ans de prison. Mais la poursuite soutient que la peine devrait être bien supérieure à la fourchette normale de trois à cinq ans pour plusieurs raisons, notamment la nature violente de l’agression sexuelle.

Lors d’une audience de détermination de la peine, vendredi à Toronto, la Couronne a soutenu que le chanteur du groupe Hedley représentait un risque pour la société et qu’il devrait passer jusqu’à sept ans derrière les barreaux.

La procureure Kelly Slate a affirmé qu’un rapport psychiatrique, rédigé après le procès pour la défense, montre que Hoggard n’a manifesté aucun remords et qu’il n’assume pas la responsabilité de ses actes.

L’agression sexuelle a eu lieu en 2016 dans une chambre d’hôtel de Toronto. La femme d’Ottawa, qu’on ne peut identifier, a déclaré au tribunal, la semaine dernière, que ce qui s’était passé ce jour-là la hanterait pour le reste de son existence.

Hoggard, âgé de 38 ans, avait également été accusé d’agression sexuelle causant des lésions corporelles sur une jeune admiratrice, adolescente, ainsi que de contacts sexuels avec une personne mineure, mais il a été acquitté de ces crimes. Il avait plaidé non coupable de toutes les accusations.

Son avocate, Megan Savard, a plaidé que dans son rapport présententiel demandé par la défense, le psychiatre légiste Hy Bloom avait conclu que Hoggard présentait un faible risque de récidive, et qu’il n’était ni un déviant sexuel ni un psychopathe.

Le docteur Bloom a conclu que la célébrité de Hoggard avait joué un rôle important dans ses conquêtes sexuelles — le musicien a eu des relations sexuelles avec environ 200 personnes dans sa vie, et « 60 à 70 % étaient des admiratrices » du groupe Hedley.

Or, le groupe Hedley a disparu lorsque les allégations contre Hoggard ont fait surface en 2018. Le psychiatre Bloom a écrit que maintenant que la vie de Hoggard en tant que célébrité est terminée, il est peu probable qu’il se retrouve à nouveau avec une admiratrice.

Une analyse limitée

Mais la Couronne a fait valoir que cette analyse était limitée, puisque le psychiatre n’avait interrogé que Hoggard, sa femme, sa famille et ses amis, mais pas la plaignante ou les ex-compagnes de l’inculpé.

« Puisque (Hoggard) ne reconnaît aucune responsabilité, la Couronne estime qu’il pourrait se remettre dans cette situation et qu’il représente un risque pour la société », a plaidé la procureure Slate, vendredi.

La victime a témoigné au procès que Hoggard l’avait violée à plusieurs reprises, l’avait étouffée, l’avait injuriée et l’avait traînée dans la salle de bain. Elle a raconté au tribunal qu’elle croyait mourir étouffée ce jour-là.

Après le verdict de culpabilité du jury, Hoggard a dit au psychiatre Bloom qu’il clamait toujours son innocence, affirmant que la relation sexuelle avait été consensuelle, ce que la victime a catégoriquement nié au procès.

La défense a plaidé que Hoggard devrait être condamné à une peine moindre en partie parce qu’il n’a pas de casier judiciaire et qu’il a un grand potentiel de réhabilitation.

Me Savard a aussi déclaré qu’une partie du témoignage de la plaignante manquait de crédibilité et de fiabilité. Elle a notamment souligné que la femme ne se souvenait pas si elle avait été pénétrée trois, quatre ou cinq fois, et qu’elle avait aussi un penchant pour l’exagération.

Hoggard avait la possibilité de s’adresser au tribunal lors de ces audiences de détermination de la peine, mais il a décidé de ne pas le faire, vendredi. La peine devrait être prononcée le 20 octobre.