Si Patrice Michaud a trouvé les mots pour le dire, Yan England a assurément trouvé les bonnes images pour raconter La saison des pluies (tirée de l'album Almanach), la touchante chanson écrite par l'interprète de l'année au Gala de l'ADISQ. C'est la première fois que le polyvalent réalisateur et comédien de 38 ans réalise un vidéoclip. Or, l'expérience lui a été bénéfique humainement et artistiquement. Et lui a donné envie de renouveler l'expérience.

Comment est né le projet de ce tout premier clip?

C'est Patrice [Michaud] qui m'a contacté en me disant d'écouter sa chanson, que je ne connaissais pas, et de lui dire si ça m'allumait... Dès la première écoute, les paroles et la musique m'ont tout de suite inspiré. J'avais en tête l'histoire que je voulais faire: pour moi, le clip serait un «petit court métrage» centré sur le drame et l'histoire d'amour du jeune couple. Avant de rappeler Patrice, j'ai écrit un scénario. Et à mon grand bonheur, nos visions concordaient. Il n'était même pas surpris d'être absent du clip.

Qu'est-ce qui vous a inspiré dans cette chanson aux thèmes universels: la maladie, la mort et le deuil?

Elle a un écho très personnel... Quelqu'un de proche dans ma famille est aussi décédé d'un cancer dans la trentaine. Avant de partir, il m'a confié ceci: «Ma plus grande tristesse, c'est de réaliser que je ne pourrai pas voir mes enfants grandir; et que je ne serai pas là aux moments importants de leur vie.» J'ai voulu raconter l'histoire de ce jeune père, de la première rencontre avec sa femme jusqu'à sa mort, et surtout montrer qu'il reste fort dans la maladie. Pour moi, malgré son aspect fort dramatique, il y a beaucoup de lumière dans la chanson de Patrice. Ce père ne sera pas oublié après sa mort.

Et Patrice Michaud vous a donné carte blanche?

Complètement. Comme moi, il avait eu l'idée de faire comme un petit film pour raconter cette histoire. Le clip s'est tourné en deux jours. J'ai pu compter sur une équipe technique extraordinaire et de fabuleux interprètes : Bianca Gervais et Jonathan Charbonneau. On s'est aussi rejoints, Patrice et moi, dans l'angle de l'histoire, racontée au premier degré de l'émotion. Comme Patrice l'a dit en entrevue: «C'est un moment terrible, le deuil de quelqu'un, mais en même temps, il n'y a rien de plus banal. Ça arrive tous les jours.»