Il y aura dorénavant des publicités sur les chaînes radio Espace Musique de Radio-Canada et Radio 2 de CBC, a autorisé le CRTC en renouvelant les licences du diffuseur public pour cinq ans.

La présence des annonces publicitaires sur les ondes radio sera toutefois limitée à une période de trois ans, a décidé le Conseil de la radio-diffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) dans sa décision rendue mardi.

Et si le diffuseur public veut profiter de cette permission plus longtemps, il devra se représenter devant le CRTC et démontrer que les auditeurs n'ont pas été incommodés par les pauses publicitaires.

Pour minimiser l'impact sur les auditeurs, les deux chaînes de musique ne pourront d'ailleurs pas diffuser plus de quatre minutes de publicité par heure. Et dans un ou deux blocs par heure.

Il s'agit d'une victoire partielle pour la Société Radio-Canada (SRC) dont les demandes publicitaires étaient plus vastes.

En raison des compressions à son budget, la SRC plaidait avoir besoin de nouvelles façons d'engranger des revenus afin de continuer à accomplir son mandat avec qualité.

Lors des audiences publiques l'automne dernier, le président-directeur général de la SRC, Hubert Lacroix, s'était dit confiant que les auditeurs étaient prêts à accepter la présence de publicités pour maintenir la qualité de ces chaînes musicales.

En ce qui concerne les minorités linguistiques au pays, le CRTC assure dans son communiqué que Radio-Canada et CBC offriront des services aux communautés qui refléteront leurs situations et leurs besoins particuliers.

Pour cela, l'organisme régulateur dit avoir notamment exigé du diffuseur public qu'il ait recours à la production indépendante issue des communautés linguistiques en situation minoritaire et aussi qu'elles soient mieux représentées dans les bulletins de nouvelles.

Ainsi, les stations de télévision de langue française dans chaque marché doivent diffuser au moins cinq heures de programmation locale par semaine. Et le CRTC recommande à la SRC de recourir à des producteurs indépendants implantés dans les communautés francophones hors Québec.

Quant à la station de radio CBEF Windsor - qui a été l'objet de litiges et de manifestations de la population pour la garder ouverte -, le CRTC a exigé un minimum de 15 heures de programmation locale par semaine pour les communautés minoritaires de langue française du sud-ouest de l'Ontario.

«Tous les Canadiens et les Canadiennes continueront à recevoir les services de qualité auxquels ils s'attendent de leur radiodiffuseur public national, a déclaré le président du CRTC, Jean-Pierre Blais. Dans l'univers médiatique en constante évolution, la Société Radio-Canada continuera à jouer un rôle clé pour la vitalité de la culture canadienne de langue française et anglaise, partout au pays.»

Radio-Canada avait aussi demandé des conditions de licence plus flexibles pour pouvoir, par exemple, diffuser des émissions jeunesse sur le web uniquement, sans diminuer la quantité de contenu créé.

M. Lacroix demandait une «approche réglementaire simplifiée et rationalisée».

Les audiences publiques ont eu lieu l'automne dernier à Gatineau.

Le CRTC a reçu et examiné plus de 8000 interventions à l'égard de ces demandes de renouvellement de licence.

Cela faisait 12 ans que Radio-Canada et CBC ne s'étaient pas présentées devant le CRTC pour ses licences de radio et de télévision.

Toute la question du financement du diffuseur public - un sujet hautement politique - ne faisait pas partie de ce que le CRTC devait évaluer au cours des audiences, sauf indirectement. Mais il va sans dire que la réalisation du mandat de Radio-Canada a un lien intime avec les ressources dont il dispose, des ressources qui lui sont accordées par Ottawa.

Le dernier budget fédéral prévoyait des compressions à Radio-Canada de 115 millions de dollars sur trois ans, auxquelles se sont ajoutées en octobre dernier des coupes budgétaires de 28,4 millions. Au total, la suppression d'emplois devrait atteindre 650 postes à la société d'État.

Le CRTC est un tribunal administratif qui réglemente et surveille la radiodiffusion et les télécommunications au Canada.