C'est aujourd'hui que la radio communautaire du boulevard Pie-IX donne le coup d'envoi à une série de festivités pour marquer son 30e anniversaire. Au fil des ans, la petite station qui a été témoin des premières expériences radiophoniques de Rock et Belles Oreilles et de Monique Giroux, pour ne nommer que ceux-là, a vu passer près de 4000 bénévoles.

Sauf que les temps ont bien changé depuis que CIBL faisait tourner de la musique qu'on n'entendait nulle part ailleurs. Aujourd'hui, le paysage radiophonique est complètement différent: on peut écouter du jazz en direct de Norvège, du blues du fin fond de la Louisiane, ou des beats techno sur une webradio de Berlin. Sans compter Radio-Canada, qui diffuse des musiques alternatives sur ses multiples plateformes.

Dans un tel contexte, comment CIBL peut-elle se distinguer? «C'est une question qu'on aura toujours à se poser, répond avec franchise le directeur général de la station, Éric Lefebvre. Avant nous étions la radio de la relève musicale, mais nous avons tranquillement délaissé ce créneau et, aujourd'hui, nous sommes davantage une radio qui diffuse de l'information de proximité.»

Sur CIBL, outre les nombreuses émissions musicales, une émission consacrée aux nouveaux médias (Citoyen numérique) et une autre conçue par les jeunes de la rue (Anonyme), on peut s'informer sur la vie culturelle et politique de son quartier ou de son arrondissement. «Nous jouons un rôle important, car nous créons des réseaux», souligne Éric Lefebvre.

En plus de cette action communautaire, CIBL joue aussi un rôle de formateur puisque la station accueille annuellement plus d'une trentaine de stagiaires issus des quatre universités montréalaises, en plus d'offrir des stages à des jeunes en provenance d'Europe et d'Afrique.

Changement d'adresse

À la tête de CIBL depuis cinq ans, Éric Lefebvre pilotera le déménagement de la station du quartier Hochelaga-Maisonneuve dans les nouveaux locaux du 2-22 Sainte-Catherine, en plein coeur du Quartier des spectacles. Ce passage au coeur de l'action culturelle de la métropole, qui devrait être terminé à l'automne 2011, annonce-t-il un changement de vocation pour la station? «Pas du tout, assure M. Lefebvre. Nous venons d'embaucher un journaliste pour couvrir l'est de la ville. Nous conservons une présence à Hochelaga-Maisonneuve avec notre studio de radio à l'école Eulalie-Durocher, où nous offrons de la formation aux raccrocheurs. Ce studio sera également utilisé pour une dizaine d'heures de production d'émissions par semaine. Nous ne quittons donc pas complètement le quartier.»

«Je crois plutôt que le déménagement au centre-ville va redonner une vie à la station, poursuit son directeur. Sur Pie-IX, on manque d'espace, nos installations sont vétustes. Dans les nouveaux locaux, il y aura une vitrine qui donne sur la rue Sainte-Catherine et les gens vont pouvoir nous voir en action. Ça va complètement changer la dynamique. Les gens associent communautaire à inexpérience. Ils vont pouvoir se faire une autre opinion de CIBL.»