Trois troupes belges ont répondu cette année à l'invitation du festival Montréal complètement cirque. Avec leur approche ouverte de l'art circacien, leur humour absurde et leur vision du monde toujours un peu de biais, Carré Curieux, les Zyrgomatik et Okidok s'amènent chez nous dans le but de nous faire rire et de nous étonner.

Une jolie histoire d'amour est née l'an dernier entre la troupe Zyrgomatik et le public québécois. Invités pour la deuxième année d'affilée à Montréal complètement cirque, avec en prime un passage au Festival d'été de Québec, les deux clowns belges sont ravis de l'accueil qui leur est réservé.

« C'est un peu magique ce qui se passe ici pour nous », a affirmé Olivier Mahiant plus tôt cette semaine, au lendemain de la première du duo à Québec. Dès que le spectacle a commencé hier, on s'est dit "bienvenue au Québec". Le public adhère vraiment très fort. Nous essayons de ne pas être trop fiers, mais nous sommes contents en tout cas. Ça donne confiance. »

Dans Tous Cousins !, Olivier Mahiant et Sébastien Derock incarnent deux clowns qui jonglent, font des pitreries, jouent de la musique et discutent beaucoup, une rareté dans le monde de l'art clownesque. « Mais on parle moins que les humoristes ! Nous avons notre langage à nous, mais près du réel. Nos personnages discutent de presque rien, mais c'est toujours très important et ils refont le monde à leur manière. »

Les deux cousins se prennent au sérieux, mais en même temps, pas vraiment. « Tout est sacré pour eux. Même s'ils discutent d'une chose banale, ils le font de manière clownesque, très intense. Que ce soit drôle ou non. » C'est le quotidien qui les intéresse, plus que l'actualité politique belge, par exemple. « Nous sommes au-dessus et en dessous de ça ! Nous touchons plus à l'universel qu'à la réalité, qui n'est pas si intéressante finalement. »

Connexion facile

Olivier Mahiant ne sait pas comment expliquer la connexion qu'ils vivent avec le public québécois. « Il y a des cousins qui sont plus cousins que d'autres... C'est comme une impression de similitude, un état d'esprit simple, dans le sens noble. » Une affinité difficile à qualifier, donc - « et c'est tant mieux ! » -, mais les deux compères la ressentent très fort sur scène. « Notre spectacle se laisse découvrir au fur et à mesure, et parfois on met du temps avant qu'une salle nous soit acquise, nous devons aller chercher les gens. Au Québec, d'entrée, on sent une volonté du public de s'amuser, de rire, comme s'il était conquis d'avance. » Ils doivent même faire attention pour ne pas se laisser déconcentrer. « Ça nous porte, et nous ne devons pas en faire trop non plus. Mais c'est agréable et ça nous donne envie d'aller plus loin. On étire des gags ou des numéros, on en rajoute, parce que ça fonctionne bien. »

Les deux clowns retrouvent en effet facilement leurs mécanismes d'artistes de rue et aiment bien improviser selon les réactions de la salle. Mais ceux qui les ont vus l'an dernier assisteront plus ou moins au même spectacle, qui est aussi tendre et poétique que drôle. « Nous ne sommes pas dans le cynisme ou l'humour noir. Nous adorons quand les gens nous abordent dans la rue en disant "salut cousin" ! Pour nous, c'est un compliment, parce que ça veut dire que notre délire est passé, qu'il y a quelque chose de notre univers qui les touche, dans le plaisir de s'amuser de choses simples. »

Pour les deux artistes qui ont étudié en psychologie et en enseignement, c'est aussi la preuve que l'art clownesque est utile. « Les gens sont souvent dans la nostalgie du passé ou en train de se projeter dans l'avenir. Le clown fait du bien parce qu'il vit l'instant présent, en prenant le temps de jouir des choses qui se passent. » Les Zyrgomatik sont d'ailleurs très lents, tellement que « ça peut énerver », ajoute Olivier Mahiant en rigolant. En cette époque de communication instantanée où tout va vite, c'est presque de la provocation. « Tant mieux ! »

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Tous cousins !, du 19 au 22 juillet au Lion d'or.