Sans grande surprise, Metallica a permis à Heavy Montréal d'attirer une foule record depuis la création du festival, en 2008.

Quelque 75 000 festivaliers ont pris d'assaut le parc Jean-Drapeau durant la fin de semaine, soit pratiquement le double de l'an dernier. Fait intéressant, le public est revenu en force hier, au lendemain de la prestation très attendue de Metallica. «Ç'a été la consécration, avec 45 000 personnes», se réjouissait hier le grand manitou d'evenko, Jacques Aubé.

Le site affichait d'ailleurs complet pour la première fois de l'histoire d'Heavy Montréal, samedi, pendant que la bande de James Hetfield enfilait les demandes spéciales d'un public conquis d'avance.

Après tout, seul un irrécupérable ingrat se plaindrait d'entendre des classiques tels que Blackened, Master of Puppets, One, Battery, Fade to Black et Seek and Destroy.

Et quel bonheur d'avoir droit à des pièces jouées plus rarement en concert, comme Ride the Lightning, Welcome Home (Sanatarium) mais surtout l'instrumentale Orion et le vieux classique The Four Horsemen.

Le groupe a dû se rendre à l'évidence: ses disciples voulaient entendre son vieux matériel, à des années-lumière des Until it Sleeps de ce monde.

Avant Metallica, les festivaliers ont pu se mettre en appétit, sous un soleil de plomb, avec les prestations très courues d'Anthrax, des Québécois Voivoid (finale géniale et traditionnelle de leur reprise d'Astronomy Domine), de Three Days Grace et de Dropkick Murphys. Ces derniers ont vraiment fait lever la foule - et quelques camisoles féminines -, et pas seulement grâce à leur mégasuccès I'm Shipping up to Boston.

Le groupe The Offsprings a également offert un beau «nanane» nostalgique à la foule, en livrant l'intégralité de son album-vedette Smash. Le groupe était attendu de pied ferme par la foule, qui reprenait énergiquement les paroles de Come Out and Play et Self Esteem, un verre de bière rapidement chaude à la main.

Fait à noter, les vieux routiers du métal se sont frottés à une surprenante et très jeune relève cette année, notamment le jeune et bizarroïde groupe japonais Baby Metal, qui fait actuellement un malheur. Les trois musiciennes, des adolescentes au visage poupin, ont reçu un accueil très enthousiaste de la foule, même si elles jouaient tôt samedi après-midi.

Punk-rock au menu

Pour en finir avec The Offsprings, mentionnons que la présence de plusieurs groupes punk-rock - une nouveauté cette année - a été chaleureusement accueillie par les festivaliers. La recette risque d'ailleurs d'être renouvelée. «C'est une formule qu'on souhaitait depuis le début», a indiqué le vice-président aux concerts et événements chez evenko, Nick Farkas.

Hier, les vétérans québécois GrimSkunk réchauffaient la foule, déjà nombreuse, même si le groupe ouvrait les hostilités sur la scène principale.

Le mosh pit était violent, les canons à eau giclaient dans tous les sens et le groupe avait l'air de s'amuser comme des gamins sur scène.

On ne pourra pas accuser le groupe de vivre dans le passé, lui qui a joué plusieurs pièces de son dernier disque Set Fire! Mais impossible de résister au plaisir contagieux d'entendre Silverhead dans une foule compacte au-dessus de laquelle flottait une persistante odeur de tabac comique.

Avant de quitter la scène, le chanteur Franz Schuller a invité la foule à scander des «Fuck you Saint-Lambert!» à l'intention de ceux qui se sont plaints des décibels générés par le festival Osheaga la semaine dernière.

Quelques heures plus tard, plusieurs ont dû sourciller un brin en voyant s'avancer au micro le chanteur de Bad Religion Greg Graffin, avec sa gueule de professeur d'université (ce qu'il est d'ailleurs aussi en réalité).

Mais pas besoin d'avoir des tatouages sataniques pour balancer des tubes à la pelle, au grand bonheur des irréductibles du groupe, nombreux. Ils ont eu ce qu'ils voulaient, soit American Jesus, Infected et 21st Century (Digital Boy).

Le légendaire groupe Twisted Sister a ensuite largement rempli son mandat. Le chanteur Dee Snider, qui ressemble à une grand-mère cool avec ses longs cheveux teints et permanentés, sautillait dans tous les sens, complètement déchaîné. Le groupe a souligné le 30e anniversaire de l'album classique Stay Hungry en jouant plusieurs pièces, à commencer par les incontournables We're Not Gonna Take It et I Wanna Rock. Du pur bonbon.

La testostérone a grimpé d'un cran avec l'arrivée de Lamb of God, qui a mis le feu sur le site bondé en plongeant leurs fidèles en état de transe.

Slayer en clôture

C'est Slayer qui a eu le mandat de clore le festival cette année. La super lune était perchée dans le ciel. «Vous savez pourquoi vous êtes ici? Êtes-vous prêt?», a lancé Tom Araya, visiblement ému d'être là, avant de plaquer les premiers accords de War Ensemble.

La table était mise.

La troupe a ensuite achevé la foule en beuglant plusieurs de ses grands succès tels que Dead Skin Mask et l'indispensable Seasons in the Abyss.

De la grosse musique sale qui couronnait parfaitement une fin de semaine de rêve pour les amateurs.

La grand-messe métal reviendra l'an prochain, avec d'immenses souliers à chausser.