Avec Wesli et Pierre Kwenders, Samito fait partie de ces artistes montréalais dont on ne cesse de vanter le potentiel international. Plusieurs concerts estivaux et un album à paraître cet automne devraient suffire à nous en convaincre.

Faisons d'abord connaissance avec Samuel Carlos Matsinhe, alias Samito. Nous le retrouvons dans un café du quartier Villeray où il habite. Originaire du Mozambique, le trentenaire vit à Montréal depuis 10 ans. Polyglotte, il parle un français plus que convenable, en plus du portugais, de l'anglais et du tswa (xitswa), sa langue maternelle.

« J'ai grandi à Maputo, capitale de mon pays, une petite métropole où les Portugais et les Anglais ont vécu depuis la colonisation, dit-il. Je suis le seul de ma famille à vivre à l'extérieur du Mozambique. »

Petit, Samito a suivi des cours dans une école de musique. Ado, il s'y est remis. En 2003, il a vécu une année au Cap, en Afrique du Sud. C'est là qu'il a fait le choix de devenir musicien. « J'y ai étudié avec Camillo Lombard, un pianiste arrangeur qui fut pour moi déterminant. Du coup, j'ai appris à me débrouiller hors de mon pays. »

Entre l'école de musique et la scène

Et pourquoi un jeune Africain a-t-il choisi le Québec ? 

« Hélène, mon ex-blonde, est québécoise, répond-il. Avec ses parents coopérants, elle est arrivée au Mozambique à l'âge de 8 ans et y a grandi. Lorsque nous avons voulu étudier à l'étranger, nous avons choisi Montréal, par prudence, sans trop savoir si ça allait marcher. J'ai fait mes études en musique à l'Université McGill. Beaucoup de théorie au programme, et des cours de piano avec Jeff Johnston qui fut aussi très important pour moi. »

Parallèlement à son parcours universitaire, Samito a investi la scène locale des musiques du monde et du jazz.

« J'ai joué dans plusieurs groupes et accompagné plusieurs musiciens : Marcelo Padre, Lorraine Klaasen, Nazir Bouchareb, Emma Frank, Ouanani... Puis ma rencontre avec Nom de Plume (alors membre de Radio Radio) m'a ouvert la porte de la scène francophone. Il m'a présenté à Pierre Kwenders, Julien Sagot et d'autres musiciens très intéressants. J'ai tourné un moment avec Radio Radio, j'ai enregistré avec Pierre Kwenders tout en menant mes propres projets. »

Réalisateur de prestige

Depuis 2010, Samito travaille avec le réputé Ivan Duran, réalisateur originaire du Bélize. Ce mec n'est pas n'importe qui : il a réalisé les albums de pointures world telles qu'Andy Palacio et Calypso Rose ; il travaille actuellement sur le prochain album de la superstar Manu Chao !

« Ivan passe beaucoup de temps à Montréal, car il est marié à une Québécoise. Il est venu chez moi, il a écouté mes maquettes, nous avons discuté de mes idées. Puis il m'a rappelé en me disant qu'il voulait coréaliser mon album.

« L'album s'est d'abord fait à distance : on échangeait des fichiers entre le Bélize et le Québec, on se rencontrait lorsqu'il était de passage. En 2011, j'ai fait une séance d'enregistrement au Mozambique avec des chanteuses de style tufo. En 2012, je suis allé au Bélize et nous avons enregistré pendant une semaine avec le multi-instrumentiste Rolando "Chichiman" Sosa, proche collaborateur d'Ivan.

« La dernière phase de la production s'est déroulée aux Breakglass Studios, à Montréal. Ivan y a participé activement, mais aussi des musiciens d'ici comme Mamoru Kobayakawa, Joe Grass, Funk Lion, Jean-François Hamel, Alain Bourgeois, Pytshen Kambilo... »

Sous étiquette Stonetree, l'album de Samito sera lancé le 2 octobre.

« Je suis déjà ailleurs, affirme-t-il. J'ai beaucoup grandi grâce à Ivan Duran, mais je ne referai pas la même chose. Mes nouvelles chansons sont de facture plus électro ; j'en jouerai d'ailleurs deux nouvelles aux Francos. »

Son band ? DJ Brace (électronique et platines), Sylvain Plante (batterie), Syphir Charest (voix), Funk Lyon (guitares). Samito, lui, chantera, jouera de la basse et des claviers.

Révélation Radio-Canada 2015-2016, Samito souhaite rayonner mondialement, mais ne prévoit pas vivre ailleurs qu'à Montréal.

« Cette ville m'a beaucoup apporté, même si ces 10 années n'ont pas toujours été évidentes. Ce métier est difficile, mais ce que j'ai accompli à Montréal, je n'aurais pu le faire dans une autre grande ville. Je suis chanceux et reconnaissant. »

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Aux FrancoFolies, ce vendredi soir, 18 h et 20 h, scène Hydro-Québec

À la série Fringe POP, en duo avec DJ Brace, le 21 juin, 21 h, à l'intersection de la rue Rachel et du boulevard Saint-Laurent

Aux Week-ends du monde, le 4 juillet, au parc Jean-Drapeau

Au Festival Nuits d'Afrique, le 17 juillet, 22 h, à la Sala Rossa