Elle devait être sur scène à 21 h 15. Il a fallu attendre 45 minutes avec son DJ qui a mis deux chansons de Drake tellement il ne savait plus comment étirer le temps...

Ms Lauryn Hill a même commencé le premier de ses deux spectacles à la salle Wilfrid-Pelletier avec quelques huées. Mais avant le rappel, la foule jubilait au son de Doo Wop (That Thing) après une reprise de Ne me quitte pas de Jacques Brel...

En 2011, il avait fallu patienter jusqu'à minuit et demi un dimanche soir pour voir arriver Lauryn Hill sur scène. C'est connu, la dame peut tout aussi bien quitter la scène hâtivement quand elle n'a plus envie d'y être.

Hier soir, l'ex-Fugees a amorcé son spectacle à la guitare en étant fort contrariée du son. Pour le public, c'était aussi fort contrariant. Pendant ses chansons I Gotta Find Piece of Mind et Mistery of Iniquity, Lauryn Hill agitait constamment et nerveusement les bras comme un chef d'orchestre. Ses techniciens et ses (bons) musiciens étaient à plaindre, et des spectateurs commençaient à quitter la salle.

Après une pause d'écriture (pour que vous puissiez lire ces lignes), l'ambiance était tout autre quand la chanteuse/rappeuse a enchaîné des chansons de son ancien groupe, soit Fu-Gee-La, Ready Or Not et leur fameuse reprise de Killing Me Soflty. Le tout était fortement revisité de façon orchestrale avec son groupe de huit musiciens (dont une section de trois cuivres), et ses trois charmantes choristes.

Elle n'a que 41 ans, mais elle n'a pas pratiquement rien sorti depuis son excellent album solo The Miseducation of Lauryn Hill, en 1998 (suivi néanmoins de l'album live MTV Unplugged No 2.0).

La mère de six enfants a eu des démêlés avec la justice américaine pour évasion fiscale. Comme Nina Simone à l'époque, elle est reconnue pour son tempérament imprévisible. De sa semblable instable, Lauryn Hill a par ailleurs repris Feeling Good, hier soir, de même que Jammin' de Bob Marley.

Hier soir, elle était en voix, mais nous aurions aimé entendre When it Hurts So Bad ou Can't Take My Eyes Off You.

Mais belle offrande,  Lauryn Hill a repris Ne me quitte pas de Jacques Brel, comme elle l'a fait sur la compilation du documentaire What Happened, Miss Simone?.Surprise? Déception? La réponse est quelque part entre les deux.

Comment ce sera ce soir? Avec Lauryn Hill, vaut mieux ne pas avoir trop d'attentes. Même les gens qui paient cher leur billet doivent l'accepter.

À découvrir: le talentueux Jalen N'Gonda

L'attente pour Lauryn Hill était longue, surtout que nous sommes arrivés à 19 h 30 pile pour ne pas rater la première partie, Jalen N'Gonda. Si vous aimez Leon Bridges, voilà un artiste soul à découvrir.

Le jeune Américain du Maryland étudie à Liverpool et l'influence mélodique des Beatles est quelque part dans ses chansons. Sinon, le jeune musicien a des goûts classiques. Motown, Sam Cooke. Entre deux de ses propres compositions (Day By Day, She's Leaving Tomorrow), il a repris hier soir Otis Redding et Ray Charles.

«Cette place est tellement grande», a-t-il lancé dans l'immensité de la salle Wilfrid-Pelletier.

Il faut dire que Jalen N'Gonda en est vraiment à ses débuts. Il lancera son premier extrait, (Holler) When You Call My Name, le 15 juillet.

Une belle prise hâtive pour le Festival de jazz. Et un défi scénique de plus de 45 minutes rempli haut la main par le jeune artiste à la voix soul chaude, puissante et réconfortante. Un nom à retenir.