Tord Gustavsen Ensemble au Théâtre Jean-Duceppe

Tord Gustavsen Ensemble au Théâtre Jean-Duceppe

Avec la chaleur et l'humidité de ce beau samedi soir de jazz, rien de mieux que d'aller se rafraîchir avec le jazz ample et méthodique du Norvégien Tord Gustavsen qui, pour la troisième fois en sept ans au FIJM, venait faire rêvasser ses admirateurs. Ses nombreux admirateurs, devrions-nous préciser.

Le Théâtre Jean-Duceppe affichait complet pour cette fascinante performance, comme quoi, entre l'expérimentation et le jeu atypique du compositeur, pianiste et chef d'orchestre, il y a beaucoup à aimer dans sa musique aux accents glaciaux, comme le veut le cliché...

Chose certaine, ce type aime les voyages et les grands espaces (indécrottables clichés!). Ses compositions, celles de son plus récent album (Restored, Returned, offert l'automne dernier) et les inédites qu'il présentait hier, sont davantage des jeux de textures sonores et d'harmonies qu'une démonstration de prouesses techniques. Ça commence généralement doucement, une cymbale brossée, un motif de piano répété, une corde frottée, un long souffle de cuivre, les couleurs sonores sont déposées, avant qu'une mélodie vienne ensuite guider nos pensées.

Gustavsen avait du nouveau pour nous: un jeune contre-bassiste qui s'ajoute à ce qu'était son trio, qui donne aussi, par son jeu posé, une nouvelle profondeur à l'ensemble. Les rares fois où on sent les musiciens corser le jeu, Gustavsen capte toute l'attention, par sa manière de jouer recroquevillé sur le clavier, par son jeu paradoxalement mécanique. Paradoxalement parce que l'émotion, elle, coule tout naturellement. Habile et joli.

XX Ninja Tune: Andreya Triana, Bonobo, Mr Scruff au Metropolis

La série de quatre concerts dédiés au 20e anniversaire du label britannique Ninja Tune s'est conclue sur une bonne note. Voilà qui est encourageant pour l'équipe de programmation du FIJM comme pour les artisans du label, échaudés par les premières soirées à l'affiche, peu courues.

Car tout ça avait commencé de tiède manière. Rappel: la première soirée du samedi mettant en vedette Spank Rock, Kid Koala & The Slew et DJ Food n'a pas eu le succès espéré. Dans un Métropolis à moitié plein, la foule avait toutefois eu droit à d'excellentes performances. Puis, deux jours plus tard, seulement quelques dizaines de billets ont trouvé preneurs pour le Karnival v.3 de Poirier, avec Kode9, patron du label Hyperdub, en invité spécial. Quant au concert d'Anti-Pop Consortium de vendredi soir, des témoins nous racontent que près de 300 personnes s'étaient déplacés au Club Soda, ce qui est déjà mieux.

Mais hier, le Métropolis était bien bondé, sans être complet. Le pouvoir d'attraction de Bonobo se mesure par l'engouement des Montréalais; déjà, à sa seconde visite au FIJM l'année dernière, une file d'attente de plus d'un coin de rue encerclait le Métropolis.

Ses fans - et sûrement plusieurs autres de Mr.Scruff, qui faisait le DJ jusqu'à la fermeture - étaient arrivés tôt hier soir, profitant de la première performance de la chanteuse (et collaboratrice de Bonobo) Andreya Triana. Sympa, cette première visite de la chanteuse néo-soul britannique. Bon petit orchestre bien tassé, des chansons agréables qu'on découvrira sur disque bientôt, Ninja Tune s'engageant à lancer Lost Where I Belong à la fin août. On vous en reparle en temps et lieux.

Bonobo, dans tout ça? Sur disque comme sur scène (avec ses six musiciens, dont un saxophoniste/flûtiste pas terrible...), ces mêmes grooves bien enrobés, au tempo modéré et au facteur romantique qui fait son effet auprès du public. Pas très original, même porté vers l'époque où les Morcheeba de ce monde tenaient eux aussi le haut de l'affiche, mais fort apprécié des spectateurs.

The Aggrolites au Club Soda

Bon choix de salle, mais mauvaise plage horaire pour le groupe néo-rocksteady-early reggae The Aggrolites. Nous étions agréablement surpris de constater que le quintet s'était forgé un bassin de fans dévoués, qui ont pris leur pied durant ce concert qu'on aurait tout de même souhaité plus long... et plus tard: 19h, c'est tout de même un peu tôt pour une musique qui porte autant à la fête.

Originaire de la Côte Ouest, les Américains de The Aggrolites ont complètement assimilé le son rocksteady jamaïcain original. N'eut été de la faiblesse de leurs mélodies, on aurait juré entendre un vrai band de l'époque, avec un vrai Hammond B3 en plus, ce n'est pas chiche. Le groove est parfait, ainsi que l'ont reconnu les spectateurs, enflammés au devant de la scène. Pour être pointilleux, on aurait aimé que les gars se fendent d'une ou deux reprises d'Alton Ellis, Ken Boothe, The Heptones, des classiques, quoi. Soon come, comme on dit en patois.