Cette création évoque des inspirations tribales contemporaines: bédouines, arabes, berbères, algériennes, tunisiennes, marocaines. À partir de cette thématique préconisée par le Festival du monde arabe, le spectacle Tribales introduit des images universelles: tribus du désert, tribus urbaines, tribus réelles ou virtuelles, errances nomades et solidarité dans le monde physique comme sur la Toile.

Et comment cela se déploie-t-il sur scène?

«Nous, du groupe El Ferda, sommes là pour faire le lien entre les invités de ce concept imaginé par Joseph Nakhlé, directeur artistique du FMA. Il a bien écouté ce que nous faisons (nous sommes déjà venus au festival en 2006), il nous a ensuite suggéré des partenaires. Nous avons vu alors que c'était faisable. Nous pouvions être la courroie de transmission de Tribales», explique l'Algérien Houcine Zaidi, porte-parole El Ferda, formation implantée dans une zone limitrophe du Sahara.

«Nous sommes issus de la région de Béchar, soit à plus de 1000 kilomètres au sud-ouest d'Alger, plus précisément à Kenadsa. Très riche culturellement, cette région a vu passer beaucoup de monde. Les pèlerins y venaient notamment pour y fréquenter une importante Zaouïa, lieu de culte d'une confrérie soufie. Puisqu'il s'agit également d'une région minière, de nombreux migrants sont aussi venus y travailler. Au fil du temps, nous en avons capté les différentes cultures.»

Au programme d'El Ferda, costumes traditionnels, bendir, taârigette, derbouka, luth, violon, goumbri, banjo, légnibri, djefna. Chants soufis, medh (poésie à la gloire d'Allah et du Prophète), musiques hawzi, diwanes ou gnawies.

Invité à se joindre au groupe algérien, le chanteur tunisien Abderrahmen Chikhaoui est originaire de la région du Kef. «Sa musique traditionnelle est plus sociale que spirituelle. Il a même créé des chants dans le contexte du Printemps arabe en Tunisie», explique Houcine Zaidi.

D'origine marocaine et membre la formation montréalaise Café Cantante, la chanteuse Sabah Lachgar, remplacera l'Égyptienne Donia Massoud, prévue au programme et qui n'a pu obtenir son visa des autorités canadiennes.

Corps en mouvement

À ces chants et musiques, la direction artistique de Tribales préconise des corps en mouvement, en phase avec les rythmes et inflexions mélodiques suggérés par ces Africains du Nord, gracieuseté de la chorégraphe Kim Girouard.

Houcine Zaidi  résume le processus de création:

«Nous nous sommes d'abord sensibilisés à l'expression de chaque participant faisait avant de passer du temps ensemble à Montréal. Nous n'en sommes pas à notre première expérience du genre, il faut dire; nous avons déjà travaillé en résidence avec des musiciens d'une confrérie Aïssawa de Tunisie et des spécialistes du style arabo-andalou. Au bout de quelques jours, un spectacle avait été créé par tout ce beau monde.»

Inutile d'ajouter que notre interviewé souhaite le même état d'esprit pour la rencontre montréalaise.

«Nous essaierons de communiquer autour de la thématique du spectacle, c'est-à-dire en peaufinant un langage commun, en essayant de dégager les éléments de nos cultures propres qui peuvent êtres partagés. Voilà autant de caractéristiques positives du tribalisme d'aujourd'hui: transmission des traditions, entraide, et plus encore. Si Dieu le veut, émergera de cette union quelque chose qui plaira au public.»

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Présenté vendredi, 20h, Théâtre Maisonneuve, dans le cadre du Festival du monde arabe, Tribales réunit El Ferda, Abderrahmen Chikhaoui, Sabah Lachgar, Kim Girouard. Infos :www.festivalarabe.com