À vue de nez, ça a tout l’air d’un banquet de mariage. Avec un imposant gâteau à étages scintillant ici, des pointes chocolatées là, petites figurines kitsch incluses. C’est en s’approchant de plus près que ça se gâte…

C’est du gâteau, une exposition signée Céline B. La Terreur (au nom drôlement prédestiné, parce que oui, c’est son vrai nom) et dont la commissaire est Joyce Yahouda, a effectivement un petit je-ne-sais-quoi de glaçant. Et on ne parle pas de glaçage ici, même s’il y en a à profusion.

Pensez : un S.O.S. dans le glaçage, justement, une poignée de cheveux entre différents étages chocolatés, voire carrément un crâne dissimulé dans la pièce montée. Sans parler de cet os, ce dentier, et même une dent (de sagesse !) que vous apercevrez à peine camouflée.

  • Ici, un crâne dissimulé

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Ici, un crâne dissimulé

  • Là, une figurine ensanglantée

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Là, une figurine ensanglantée

  • C’est du gâteau, une exposition signée Céline B. La Terreur et dont la commissaire est Joyce Yahouda, a un petit je-ne-sais-quoi de glaçant.

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    C’est du gâteau, une exposition signée Céline B. La Terreur et dont la commissaire est Joyce Yahouda, a un petit je-ne-sais-quoi de glaçant.

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Violent, vous dites ? Certes, mais avec un petit côté cocasse, et drôle aussi, nuance l’artiste, dont l’œuvre a été présentée une première fois en 2019, dans le cadre d’Art souterrain, à la maison de la culture de Pointe-aux-Trembles. La revoici enfin, dans le cadre de CAM (Conseil des arts de Montréal) en tournée, à la maison de la culture Maisonneuve jusqu’au 23 avril. Son installation déménage ensuite à LaSalle (du 14 juin au 14 juillet), puis sur le Plateau Mont-Royal (du 24 août au 8 octobre).

Céline B. La Terreur s’intéresse à la condition féminine depuis toujours (elle a fait des études féministes en parallèle à ses études en arts visuels). « La violence conjugale, il faut en parler, explique-t-elle en entrevue. Et ça, c’est une manière peut-être plus légère ou moins lourde, parce qu’il y a aussi quelque chose de ludique. » De l’humour très noir, ça ne fait aucun doute.

C’est en lisant Simone de Beauvoir que l’artiste, qui enseigne les arts visuels au cégep du Vieux Montréal, a d’abord été sensibilisée, puis « choquée » par la condition du « deuxième sexe ». Puis, avec Le livre noir de la condition des femmes, un collectif dirigé par la journaliste et autrice Christine Ockrent, elle s’est mise à carrément en faire des « cauchemars ». « Les féminicides, les enjeux de sécurité, les viols de guerre, les crimes d’honneur, les lapidations, énumère-t-elle. J’en ai fait des cauchemars. […] Et puis je me suis arrêtée sur la question des violences conjugales, et en poussant mes recherches, j’ai réalisé à quel point c’est préoccupant. »

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Céline B. La Terreur, artiste

La violence conjugale, ça se retrouve dans tous les pays, tous les groupes sociaux. Et c’est assez méconnu. Il y a beaucoup plus de victimes qu’on pense…

Céline B. La Terreur, artiste

Le thème du mariage s’est imposé de lui-même, parce que Céline B. La Terreur adore les cérémonies, notamment leur esthétique kitsch. Pour la petite histoire, c’est avec sa tante Louise (pâtissière « émérite » de son état) qu’elle confectionne son tout premier gâteau à étages, pour les 40 ans de mariage de ses parents, il y a 10 ans. C’est ce même gâteau en hauteur, séparé par des coupes de champagne de cristal, typique des années 1960, qui a inspiré l’œuvre principale ici présentée, une réplique quasi parfaite de l’original, bien qu’elle soit ici en acrylique.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

L’esthétique kitsch des cérémonies de mariage plaît tout particulièrement à Céline B. La Terreur.

Et c’est à s’y méprendre, à voir la précision des détails du glaçage (on y revient toujours), notamment. En fait, toutes les œuvres de l’installation sont à base d’acrylique. « À la base, je fais de la peinture et du dessin, explique Céline B. La Terreur. Pour moi, c’est du travail de peinture, mon médium, c’est l’acrylique. Je fais de l’acrylique sur des contenants recyclés. » Notamment des pots de peinture, ou encore des boîtes de café. « Pour moi, c’est de la peinture 3D. De la peinture hyper réaliste. » C’est peu dire.

Les objets dissimulés sont d’ailleurs tous recyclés, tient-elle à préciser : des bijoux de famille, les os (précision : de dinde !), même le dentier (de son grand-père !). Quant aux crânes (oui, il y a des crânes) d’écureuils ou de souris, ils lui ont été donnés ou ont été trouvés. Et oui, si vous voulez tout savoir, la dent de sagesse, c’est la sienne !

C’est du gâteau est présentée à la maison de la culture Maisonneuve jusqu’au 23 avril. Le vernissage est ce samedi 25 mars de 14 h à 16 h.

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