En ce 700anniversaire de la mort de Dante, l’exposition Divina Dali vient commémorer son legs à travers la vision surréaliste de Dali. Quand deux grands maîtres se croisent en enfer.

Si l’on se fie aux nombreux médias qui se sont déplacés lundi matin pour assister à la conférence de presse de Divina Dali, au Grand Quai du port de Montréal, face au musée Pointe-à-Callière, l’intérêt pour l’œuvre de l’artiste surréaliste est toujours aussi fort. Parce que son art parle à tout le monde.

L’exposition est inspirée du récit de La Divine Comédie, le chef-d’œuvre de Dante écrit il y a plus de 700 ans. Présentée jusqu’en octobre dans un hangar habituellement utilisé comme débarcadère par les bateaux de croisière, Divina Dali propose une belle immersion dans l’univers éclaté de Dali à travers des estampes, des aquarelles et des dessins réalisés par l’artiste dans les années 1950 et 1960.

  • Lucifer

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Lucifer

  • Poussière d’âmes

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    Poussière d’âmes

  • Les anges de l’Empyrée

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    Les anges de l’Empyrée

  • La morsure de Gianni Schicchi

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    La morsure de Gianni Schicchi

  • Cerbère

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    Cerbère

  • Dans les limbes obscures

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    Dans les limbes obscures

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Le croisement Dante/Dali est naturel. Les deux artistes sont branchés sur leur inconscient pour interpréter la réalité et les rêves des mortels ; l’un en mots, l’autre en images. « C’est ma rencontre avec Frank Hunter, qui a travaillé avec Dali jusqu’à sa mort, en 1989, qui m’a donné l’idée de cette exposition, dit Félix Bélanger, de La Girafe en feu, initiateur de Divina Dali. On oublie souvent que l’estampe est un art majeur. Dali s’en est servi abondamment. Il a réalisé 1800 estampes dans sa vie, alors qu’il a peint 1400 toiles, entre autres. »

Ces estampes proviennent de la collection de Frank Hunter, l’archiviste officiel de Salvador Dali en Amérique du Nord.

Un chemin tortueux

L’exposition, sous la direction du commissaire et muséologue Raynald Michaud, est divisée en trois sections : l’enfer, le purgatoire et le paradis.

La Divine Comédie, c’est essentiellement un voyage intérieur, une allégorie des nombreuses étapes et épreuves que doivent traverser les humains, sur la route de la vie. « Dans son récit, Dante a inventé le purgatoire comme le lieu de grandes réflexions au milieu de son chemin », nous dit le commissaire Raynald Michaud, lors de la visite en avant-première, lundi.

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[Dante] a placé le purgatoire entre l’enfer et le paradis, car notre chemin n’est pas une ligne droite. On bifurque, on erre et on prend de mauvaises décisions… Avant de pouvoir prétendre à une certaine paix intérieure.

Raynald Michaud, commissaire de Divina Dali

En visitant l’exposition, on constate d’ailleurs que les œuvres les plus expressives, les images les plus spectaculaires de Dali, sont celles qui illustrent l’enfer et le purgatoire. On pense à des titres comme Les Érinyes, Les coléreux, Les paresseux, Les blasphémateurs, Les séducteurs, Les sodomites, entre autres. Les zones sombres, les figures monstrueuses, les anfractuosités de la psyché humaine sont visiblement plus symboliques pour l’artiste espagnol. Alors que les aquarelles représentant la douce félicité du paradis, avec ses anges et ses archanges, semblent plus convenues.

Divine féministe

« Il y a beaucoup de parallèles à faire entre Dali et Dante, ajoute Félix Bélanger. Les deux créateurs ont vécu l’exil ; les deux avaient un grand amour de la femme qui se reflète dans leur art. Il y a des philosophes qui disent que La Divine Comédie est le premier texte féministe de l’histoire de l’Humanité, parce que Dante place le personnage de Béatrice, la femme qu’il rencontre en se rendant au paradis, dans un rôle plus évolué que le sien. Béatrice a un savoir, une érudition. Elle guidera Dante vers la félicité, le paradis intérieur. »

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L’exposition Divina Dali est inspirée du récit de La Divine Comédie, le chef-d’œuvre de Dante écrit il y a plus de 700 ans.

Outre les 99 estampes (33 par section), on peut aussi voir le tableau Nuage créé par Dali en 1944, année où le peintre a collaboré avec Hitchcock sur le film Spellbound. Enfin, cette première exposition de la compagnie La Girafe en feu propose une scénographie assez sobre. À noter, les estampes ne sont pas accompagnées de notes explicatives, comme on en voit généralement dans les musées. On nous a expliqué que Dali n’a pas titré ni classé ses dessins exécutés entre 1950 et 1964. Et que les xylographies sont authentifiées et font partie du catalogue raisonné de Dali.

L’exposition sera présentée à partir du 16 juillet jusqu’au 31 octobre, du mardi au dimanche, au Grand Quai du Port de Montréal. On doit réserver en ligne, car il y a un nombre limité de visiteurs par plage horaire, pour respecter les règles sanitaires.

Consultez le site de Divina Dali