Le peintre et sculpteur brésilien Frans Krajcberg, pionnier de la lutte pour la sauvegarde de l'Amazonie, est décédé à Rio de Janeiro à l'âge de 96 ans, a annoncé jeudi l'Association des amis de l'artiste à Paris où il a longuement séjourné.

D'origine polonaise, Frans Krajcberg avait eu plusieurs vies, souvent marquées par le tragique. Né dans une petite ville à 120 km de Varsovie, il est le seul survivant de sa famille détruite par la Shoah.

Enrôlé dans l'Armée rouge, il participe à la libération des camps: «Je suis reparti dans un état de choc indescriptible, cette blessure ne peut pas guérir», a-t-il dit.

Après un passage par Paris en 1947 où il rencontre Fernand Léger et Marc Chagall, il embarque pour Rio de Janeiro. Il s'installe dans un village du littoral, puis dans la forêt où il peint des natures mortes et des végétaux.

Toute son oeuvre est construite sur la transformation de matériaux naturels. D'assemblages de bois naturels en «bois découpés» ou «tressages de vannerie», il passe aux totems, puis aux «bois brûlés» -"queimadas" - rehaussés de charbon végétal et de pierres.

En 1957, Krajcberg part pour Paris, où il restera pendant huit ans, en alternance avec Ibiza.

Il ne supporte plus de voir les fumées de destruction des forêts. «Chaque fois, dit-il, que je vois l'entassement des arbres d'Amazonie brûlés par les hommes, je ne peux m'empêcher de penser à la cendre des fours crématoires: les cendres de la vie, les cendres du feu des hommes devenus fous».

L'Association des amis de Krajcberg gère une donation que l'artiste a faite à la Ville de Paris.