Le dernier tableau du peintre italien Léonard de Vinci dans les mains d'un collectionneur privé sera vendu à New York le 15 novembre lors d'enchères organisées par Christie's, qui estime son prix à 100 millions de dollars environ.

Salvator Mundi (sauveur du monde), tableau d'une finesse extrême qui représente le Christ en tenue bleue, a longtemps été considéré comme une copie, avant que des experts attestent de son authenticité.

Moins de vingt tableaux de Léonard de Vinci, dont l'oeuvre était déjà prisée de son vivant, subsistent aujourd'hui, selon Christie's. À part Salvator Mundi, tous sont propriété de musée ou d'institutions.

De manière générale, la grande majorité des tableaux antérieurs au 19e siècle sont aujourd'hui dans le domaine public et il très rare d'en voir proposés lors d'enchères.

«Pour les spécialistes d'enchères, c'est le Saint Graal», a déclaré, lors de la présentation du tableau à la presse, Loïc Gouzer, coprésident des départements d'art post-seconde guerre mondiale et contemporain pour la zone Amériques de Christie's. «On ne peut pas faire mieux.»

Un tiers a offert une garantie sur le tableau, ce qui signifie qu'il sera vendu, quoi qu'il arrive lors de la vente du 15 novembre, aux alentours de 100 millions de dollars, a expliqué à l'AFP François de Poortere, responsable des tableaux anciens au sein de Christie's New York.

Le record lors d'une vente aux enchères a été établi en mai 2015 par Les Femmes d'Alger (version 0) de Pablo Picasso, adjugé pour 179,3 millions de dollars, mais des tableaux ont atteint des prix supérieurs à l'occasion de ventes privées, selon plusieurs médias.

Interchange, de Willem de Kooning, et «Nafea Faa Ipoipo» de Paul Gauguin auraient ainsi été chacun acquis pour 300 millions de dollars.

Vendu pour 45 livres en 1958



Avant la vente, le tableau va voyager à Hong Kong, San Francisco et Londres, où il sera, à chaque fois exposé, avant de l'être à New York durant les jours précédents l'enchère.

M. de Poortere a expliqué que ce tableau de dimension modeste (65 cm sur 45 cm) avait été cédé pour la dernière fois à un collectionneur européen, dont l'identité reste secrète, après une exposition historique consacrée à Léonard de Vinci à la National Gallery de Londres, en 2011-12.

L'histoire de cette toile, peinte autour de 1500 par Léonard de Vinci (1452-1519), est hors du commun. Nul ne sait avec certitude qui l'avait commandé, mais certains experts estiment qu'il pourrait s'agir d'une demande de la cour de France, plus précisément de Louis XII, a expliqué mardi Alan Wintermute, spécialiste de peinture ancienne pour Christie's.

Elle a ensuite été longtemps propriété des rois d'Angleterre, avant de quitter la famille royale à la faveur de diverses successions et ventes. Elle a disparue pendant plus de cent ans, avant de réapparaître à la fin du XIXe siècle.

Il n'était alors plus question d'une toile de de Vinci, mais plutôt de l'un de ses contemporains, inspiré par lui. Recouverte de plusieurs couches de peintures, «qui obscurcissaient complètement sa surface», la toile a notamment été vendue pour 45 livres (75 $) en 1958 lors d'enchères de Sotheby's, a rappelé Alan Wintermute.

Ce n'est qu'à partir de 2005 que le tableau a été examiné par des spécialistes, puis restauré, et formellement attribué à Léonard de Vinci. «Le tableau était quasiment méconnaissable avant que la restauration soit entreprise», a expliqué M. de Porteere.

Originalité voulue par Christie's, le Sixty Last Suppers du peintre américain Andy Warhol, qui représente 60 fois La Cène de Léonard de Vinci, sera vendu lors de la même soirée, le 15 novembre. Son prix est estimé à 50 millions de dollars.