Le studio Daily tous les jours (Mélissa Mongiat et Mouna Andraos) est passé par Lac-Mégantic cet été. Avec doigté et empathie, pour refaire les ponts, retisser les liens entre l'humain et un paysage à jamais marqué par la tragédie.

Inauguré un an après la tragédie de Lac-Mégantic, en juillet, le parcours La marche du vent a réconcilié les habitants de la ville avec un site lourd de mauvais souvenirs. 

«Je pense que c'est le projet qui a le plus interpellé la population en raison de la charge émotive qu'il comporte. Le parcours a été pris d'assaut dès son inauguration. C'était très émouvant de voir les gens se revoir et se raconter», explique Stéphane Lavallée, conseiller auprès de la Commission des arts, de la culture et du patrimoine de Lac-Mégantic.

Il évoque l'effet thérapeutique du parcours par son alliage d'empathie et de poésie. Il croit que la population avait besoin de ce lieu de rencontre pour passer à autre chose.

«L'an dernier, l'état d'esprit était celui de se changer les idées. Le spectacle servait à ça. Cette année, on vit notre deuil, pas juste comme une tragédie, mais comme l'expression de la combativité des Méganticois.»

Partant du site du drame, La marche du vent suit la voie ferrée où les trains ont recommencé à circuler. Il raconte l'histoire de Lac-Mégantic à l'aide de panneaux permanents. Une zone de promenade et une aire de détente complètent le parcours de 300 mètres.

«Notre première idée était de construire un boardwalk comme ceux des plages, une promenade simple qui recrée un passage piéton. On avait remarqué que les Méganticois marchent beaucoup. On s'est dit qu'il fallait les encourager à continuer, à quelques pouces de cette terre qui a été contaminée par la tragédie», explique Mouna Andraos. 

«On voulait voir comment on pouvait redonner un caractère identitaire au site, poursuit sa collègue Mélissa Mongiat. Tout a été reconstruit très vite et il manquait une touche personnalisée au paysage.»

Maison du vent

Le parcours est une oeuvre permanente (quoique saisonnière). Son utilisation des derniers mois a démontré aux promoteurs que les habitants et les touristes y passent et repassent, pensent au passé et y pansent leurs plaies. En son centre, la «maison du vent» est décorée de carillons. 

«Cette petite maison permet de voir le lac que la tragédie a rendu aux citoyens, ce qui permet de faire abstraction de ce qu'il y a autour. On revient à la base de cet endroit où la nature est tout simplement superbe», note Mouna Andraos. 

Des drapeaux ont été plantés au long de la marche pour assurer la continuité. Une aire de repos a été aménagée près du centre sportif avec des hamacs géants. 

«On voulait que les gens puissent se reposer en regardant le ciel, le jour, le soir. Un truc calme, apaisant. On a tissé les hamacs avec les gens là-bas. Ils se les sont appropriés, ils sont à eux», affirme Mélissa Mongiat.

Stéphane Lavallée ne tarit pas d'éloges envers l'équipe de Daily tous les jours qui est venue à la rencontre des habitants de Lac-Mégantic. 

«Le parcours n'est pas seulement un témoin: c'est un acteur au coeur du développement du village. C'est une voie tracée vers l'avenir. Comme disait Fred Pellerin, qui est venu donner un atelier cet été: "Faut se débarrer l'imaginaire." C'est ce que La marche du vent transmet», conclut-il. 

La version intégrale de La marche du vent peut être vue jusqu'à lundi prochain. Ensuite, certains éléments seront remisés pour l'hiver.