Le marché mondial de l'art affiche une santé insolente, avec un bond de 17% au premier semestre 2014, dépassant les 7 milliards $ et atteignant un record historique pour cette période, a annoncé mercredi en exclusivité à l'AFP la société Artprice.

Pour les six premiers mois de l'année, le produit des ventes aux enchères publiques d'oeuvres d'art dans le monde a totalisé hors frais 7,15 milliards $.

Au premier semestre 2013, il avait été de 6,11 milliards $, selon cette société française, numéro un mondial des données sur le marché de l'art, qui rend public pour la première fois ses chiffres semestriels.

2013 avait déjà constitué une année record pour le marché de l'art (12,17 milliards $) après une baisse en 2012 liée à une forte contraction du marché chinois.

«Le marché de l'art a faim», explique Thierry Ehrmann, président-fondateur d'Artprice.com. «Nous sommes passés de 500 000 collectionneurs dans l'après-guerre à près de 70 millions de «consommateurs d'art», d'amateurs et de collectionneurs dans le monde entier», dit-il.

Le nombre de musées et de centres d'art, publics ou privés, «explose», notamment dans la zone Asie-Pacifique et dans une moindre mesure en Amérique du Sud, au Proche et au Moyen-Orient, selon M. Ehrmann. Cette «industrie muséale» a besoin d'oeuvres pour remplir ses espaces.

En outre, dans un contexte de forte volatilité financière, les oeuvres d'art constituent «un placement intéressant» pour les investisseurs institutionnels, les gérants de fonds et les particuliers. «C'est un marché de plus en plus mature et liquide, offrant des rendements de 10% à 15% par an pour les oeuvres supérieures à 100 000 euros», assure-t-il.

Au premier semestre 2014, les États-Unis ont mené la danse avec des ventes aux enchères de «Fine art» (peintures, sculptures, dessins, photographies, estampes) de 2,38 milliards $, soit un bond de plus de 28%. Leur part de marché atteint 33,4%.

«Bémol» pour la Chine

La Chine est numéro deux avec des ventes de 1,97 milliard $, en moindre progression de 6,9%. Sa part de marché se monte à 27,7%.

Le Royaume-Uni se montre très tonique avec des ventes de 1,8 milliard $, en hausse de plus de 25%. Sa part de marché atteint 25,2%.

Le marché de l'art se concentre de plus en plus sur ces trois pays qui captent 86% des ventes au premier semestre.

Bien loin derrière, la France conserve la quatrième place avec des ventes de 284 millions $, en baisse de 0,22%. Sa part de marché est de 3,98%.

La «très bonne santé du marché de l'art» devrait se confirmer pour l'ensemble de l'année 2014 «sauf événement géopolitique majeur», estime M. Ehrmann.

D'ores-et-déjà, les indices avancés du marché de l'art confectionnés par Artprice prédisent une croissance dynamique des ventes d'oeuvres d'art aux États-Unis au second semestre.

En Chine, les ventes importantes se déroulent traditionnellement au second semestre. «Mais il y a un bémol important cette année en raison de la remise en ordre du pays par le président Xi Jinping. Les ventes aux enchères sont désormais très encadrées, notamment par des règlements au comptant et la nécessité de justifier les moyens financiers permettant de payer l'oeuvre», selon M. Ehrmann, qui a noué en 2013 une alliance avec le conglomérat chinois, Artron.

«Il n'est pas exclu que les États-Unis reprennent en 2014 la première place sur le marché de l'art», selon M. Ehrmann. «Le match se jouera dans un mouchoir de poche», estime-t-il.

En 2013, la Chine était arrivée en tête, pour la quatrième année consécutive mais d'extrême justesse, devant les États-Unis.

Cotée à Paris, Artprice.com compte introduire sur le Nasdaq sa filiale Artmarket.com. La société espère lancer son activité de vente aux enchères d'art en ligne d'ici à 2015 aux États-Unis.