Le Centre canadien d'architecture (CCA) présente jusqu'au 14 septembre l'exposition Le monticule de Vendôme, qui évoque un épisode insurrectionnel de l'histoire de France, la Commune de Paris. En 1871, les révolutionnaires qui prirent le contrôle de la capitale française pour deux mois décidèrent de détruire la colonne Vendôme...

Du 18 mars au 28 mai 1871, Paris connut un printemps mouvementé. Une insurrection populaire émergea en réaction à la défaite de la France contre la Prusse et à la déchéance officielle de l'empereur Napoléon III.

Première occurrence d'un gouvernement socialiste en France, la Commune de Paris a inspiré le mouvement Occupy, en 2012 à Oakland. Historien de l'architecture résidant en Californie, David Gissen avait remarqué que les contestataires californiens se référaient à leurs «ancêtres» communards français pour exprimer leurs revendications sur des banderoles. Il a alors commencé à se documenter sur la Commune de Paris, période au cours de laquelle avait régné une forme d'autogestion.

Il s'est notamment intéressé au fait que le gouvernement communard a un jour décidé - à la suite d'une demande du peintre Gustave Courbet (le créateur du célèbre tableau L'origine du monde) - de démolir la colonne Vendôme.

Le monument du 1er arrondissement de Paris inspiré de la colonne Trajane de Rome avait été érigé en 1810, à la demande de Napoléon 1er, pour célébrer sa victoire militaire à Austerlitz, en 1805. La colonne de 44 mètres de hauteur - surmontée d'une statue de Napoléon - est constituée de 98 tambours de pierre, d'une chape de 425 plaques de bronze ornées de bas-reliefs gravés et d'un escalier intérieur permettant d'atteindre son sommet.

Les révolutionnaires parisiens de 1871 considéraient la colonne Vendôme comme un «monument de barbarie et un symbole de force brute». Quand on s'apprêta à la démolir, on construisit à son pied un monticule formé de paille, de fumier, de sable, de branchages et de débris afin d'amortir sa chute et d'en réduire les effets sur le sol et le sous-sol, notamment sur les égouts de la place.

Rappeler la Commune de Paris

Initiateur de l'exposition qui résulte d'un projet de recherche expérimentale, David Gissen verrait d'un bon oeil que l'on puisse reconstituer temporairement ce monticule in situ, place Vendôme à Paris, afin de rappeler cet événement de la Commune de Paris et le rôle qu'y ont joué certains monuments architecturaux.

Une pétition qui appuie cette volonté de ressusciter, l'espace de quelques jours, le monticule de Vendôme fait partie de l'exposition qui présente aussi une série de photos et de gravures issues de livres appartenant à la collection du CCA ainsi qu'une maquette de la colonne et de son monticule.

Les photos et les illustrations rendent compte du lieu avant et après la démolition de la colonne, le 16 mai 1871. Lors de la visite, on peut consulter un livret qui indique les références des ouvrages qui contiennent ces photos et gravures.

Parmi les illustrations exposées, celle où l'on voit la colonne brisée à terre est impressionnante. On pense alors que l'oeuvre d'art aurait pu être perdue à jamais, mais non: la colonne Vendôme fut réparée et remise à sa place en 1875.

Une image de la chute de la colonne a été publiée dans The Illustrated London News le 27 mai 1871, c'est-à-dire la veille de la fin de la Semaine sanglante qui mit un terme aux destructions des bâtiments officiels mais aussi à la rébellion populaire qui s'acheva par des milliers d'exécutions de citoyens.

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Le monticule de Vendôme, au CCA, 1920, rue Baile, jusqu'au 14 septembre.

Photo: fournie par le Centre canadien d'architecture

Avant de démolir la colonne, les révolutionnaires ont installé à son pied un monticule formé de paille, de fumier, de sable, de branchages et de débris. David Gissen verrait d'un bon oeil que l'on puisse reconstituer temporairement ce monticule in situ, place Vendôme à Paris, afin de rappeler cet événement de la Commune de Paris.