Une exposition iconoclaste revisite à Casoria, près de Naples, les scènes érotiques des fresques et statues du fameux lupanar de Pompéi, ainsi que du site d'Herculanum, mettant en scène des artistes qui ont substitué leurs corps à ceux des oeuvres originales.

«Le point de départ sont les oeuvres d'art de Pompéi et Herculanum. Nous avons substitué les personnages représentés sur les fresques et les statues anciennes par des personnes réelles. De cette manière les oeuvres ont été transférés dans le présent», indique le Musée d'art contemporain (CAM) de Casoria dans sa présentation de l'exposition.

Celle-ci est interdite aux mineurs de moins de 14 ans s'ils ne sont pas accompagnés par leurs parents.

«Il n'y a rien de plus ici que ce que l'on peut voir sur Facebook ou à la télévision en journée», affirme à l'AFP-TV Antonio Manfredi, directeur du CAM, qui se met en scène dans une nouvelle version de la fresque «Polyphème et Galatée» de Pompéi.

M. Manfredi a déploré une certaine «censure» de la part du ministère de la Culture, qui, après avoir permis aux artistes collaborant avec le CAM de faire des photos des oeuvres d'art anciennes, a retiré son autorisation.

«Il n'y a pas de vraie raison à cela, la vérité c'est qu'aujourd'hui encore quand on parle de scènes érotiques, on a du mal à pouvoir les exposer. Nous, en tant que musée politiquement incorrect, nous avons au contraire pensé que c'était une initiative vraiment intéressante», ajoute le directeur.

Le CAM se débrouille d'ailleurs sans aides publiques, vivant du volontariat, des donations et de la vente des billets d'entrée.

«Dans la mesure où je me considère comme une femme forte, je me suis dit: c'est ma photo, je veux le faire, je suis fière de moi, fière de la photo, fière de l'exposition car elle représente beaucoup de travail difficile», dit Veronika Bayer, une jeune artiste autrichienne.

Elle s'est représentée sur un bas-relief en marbre érotique et la photo de son nu intégral trône dans une position qui ne laisse aucun espace à l'imagination et au doute.

«C'est très esthétique. Ce n'est pas de la pornographie de bas étage, même si vous voyez tout et pour moi c'est une sorte de prise de position», dit-elle.

«Techniquement, et en simplifiant, nous avons pris des photos de l'original puis du modèle, après quoi celle du modèle a été découpé à l'ordinateur pour la faire coïncider avec l'original», précise l'artiste.

«Je pense qu'il ne faut pas confondre la pornographie avec l'érotisme. Car la pornographie dépasse la normalité, l'érotisme au contraire c'est de l'art. Donc je m'étonne comment des institutions aussi importantes (que le ministère, ndlr) aient pu censurer une exposition parce que je ne vois rien d'anormal, de particulier ici», a estimé Mimmo Femiano, un cadre italien visitant l'exposition.

Les prix de ces oeuvres d'art un peu spéciales vont de 350 à 4500 euros.