Métissage d'autochtones, d'Européens, de Noirs et d'Asiatiques, le Pérou, devenu république en 1821, étudie encore, deux siècles plus tard, sa «pérouanité».

Dans le catalogue de l'exposition, l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, Prix Nobel en 2010, signe un texte dans lequel il rejette l'idée d'une identité péruvienne. «L'identité est le propre des individus et non des collectivités», avance Vargas Llosa.

L'histoire du Pérou est toutefois cousue de métissage et d'apports. Sa conquête par les Espagnols dans les années 1530 marque l'apparition d'un art hybride, issu de la rencontre entre le monde européen catholique et les mythes indigènes.

L'exposition Pérou: royaumes du Soleil et de la Lune débute par le tableau Habitant des cordillères du Pérou, peint en 1855 par Francisco Laso. On y voit un paysan contemporain vêtu d'un long poncho noir et portant une sculpture mochica en céramique, représentant un prisonnier indigène. Tout un symbole.

Le musée expose aussi des peintures religieuses de type hispanique, mais dans lesquelles les références locales sont marquantes. «La peinture était un miroir de la société de l'époque, indique Victor Pimentel. Dès le XVIIIe siècle, les trois quarts des peintres étaient des autochtones.»

Ces peintres ont poursuivi leur épanouissement en se confrontant aux courants européens. L'indigénisme devient l'expression artistique de la première moitié du XXe siècle en Amérique du Sud avec une revalorisation des traditions indigènes. Au Pérou, c'est l'époque des gravures, des affiches et des peintures colorées de José Sabogal, Camilo Blas, Julia Codesido, Enrique Camino Brent ou Leonor Vinatea Cantuarias.

L'exposition permet aussi de découvrir des photographies de Martín Chambi et de l'archéologue allemand Hans H. Brüning, qui ont réalisé un travail documentaire du Pérou rural au début du XXe siècle.

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Pérou: royaumes du Soleil et de la Lune, du 2 février au 16 juin au MBAM.