Nouveau visage 2012 en arts visuels, Julie Favreau a bien des points en commun avec l'artiste Jacynthe Carrier, coiffée du même titre en 2011.

Toutes deux sont originaires de la région de Québec; elles ont fait une maîtrise en beaux-arts à Concordia après un bac à l'UQAM, s'intéressent au tableau vivant et ont été remarquées à la Triennale québécoise 2011, au Musée d'art contemporain de Montréal.

Mais la comparaison s'arrête là.

Jacynthe Carrier a été plus près de la photo que Julie Favreau qui, elle, est fascinée par la chorégraphie. Même si elle se sert aussi de la photo, la vidéo, les installations et la performance sont au coeur de son travail.

Inspirée à l'origine par le cinéma, puis influencée par le théâtre expérimental, la littérature et la danse contemporaine, l'artiste de 31 ans s'intéresse aux objets en tant que mouvements chorégraphiques.

«Avec mes installations immersives, j'ouvre la porte à des espaces mentaux ou à un territoire qui correspond à mes personnages, explique-t-elle. J'aime bien l'idée d'entrer dans la tête de quelqu'un.»

Julie Favreau a déjà participé à un grand nombre d'expositions. Citons Huit personnages au Centre Clark et Plan d'aménagement au Centre Dare-Dare, en 2007, une installation vidéo sur les femmes possédées, en 2008, à Québec, et une performance de danses autour d'objets domestiques, en 2009, chez Leonard & Bina Ellen.

L'année suivante, l'artiste a créé une installation vidéo et présenté une performance dans une grange à Saint-Jean-Port-Joli. Puis, en 2011, elle a présenté Ernest Ferdik à la Triennale québécoise, avec une performance de Nicolas Cantin jouant un homme «primitif» qui évolue parmi des troncs d'arbres.

De toutes ces expériences, on retient le magnétisme qu'a exercé sur sa pratique le spectacle vivant, un genre qu'elle a expérimenté en France entre son bac et sa maîtrise.

«C'est la chose la plus primordiale de mon travail, confesse-t-elle. Là-bas, j'ai eu de la formation en non-danse et en théâtre de corps. Je suis très proche de la façon de faire du spectacle vivant, peu présente ici.»

In Limbo, avec Lynda Gaudreau, en février dernier, est un exemple de cette influence transdisciplinaire et de ces passerelles entre expression corporelle et art visuel qu'elle aime franchir, avec un goût prononcé pour la mise en scène.

«Je suis à la recherche du geste, quelque chose qui s'étend dans le temps, avec la narration», précise-t-elle. Qui s'étend, comme le serpent, cet automne, de son installation présentée dans le cadre de Montréal-Brooklyn, au Centre Clark, et qui nous menait sur la piste des rapports entre la science et l'art.

«Ce serpent venait de toutes sortes d'idées et de concepts, mais d'abord d'une petite tête que j'avais façonnée, que je prenais dans ma main et que je bougeais dans mon atelier, dit-elle. Je ne cherche pas un moment figé, mais un ralentissement des choses.»

Artiste complexe aux oeuvres à tiroirs, Julie Favreau continuera, le printemps prochain dans son nouvel atelier de la Fonderie Darling, sa recherche aux multiples branches.

«En ce moment, je pense que je suis en train de briser tous les morceaux pour les remettre ensemble, indique-t-elle. Je vais travailler des sculptures et des photos pour simplifier et remettre tout ça ensemble ensuite. Ma prochaine exposition sera un genre de performance scénique et chorégraphique, dans laquelle je vais reprendre de mémoire les moments importants des projets que j'ai faits.»