Jeune photographe de 23 ans, Félix Renaud a créé sur son site internet des photographies qui sont de véritables mises en scène, originales, humoristiques, cinématographiques ou même génétiques quand il associe deux visages d'une même famille.

Du site internet de Félix Renaud, www.felix-renaud.com, se dégage une impression fantastique qui fait penser au film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain et à l'univers du cinéaste Jean-Pierre Jeunet. Ce n'est pas pour rien: Félix Renaud a étudié en cinéma. Il a participé à plusieurs tournages l'été dernier, comme assistant, photographe de plateau et apprenti à la caméra, notamment pour le film French Immersion, de Kevin Tierney (le père de Jacob), avec Pascale Bussières et Colm Feore. Mais pour lui, c'est clair: il veut faire de photographie. Pas du cinéma.

«J'aime ça la photo car ça ne prend pas une grosse équipe comme pour le cinéma, dit-il. Et puis, j'ai envie de créer une famille fonctionnelle! J'ai commencé à faire de la photo il y a trois ans mais quand j'étais très jeune, je dessinais beaucoup. J'ai fait de la peinture, des vidéos, des courts métrages maison, puis j'ai découvert le cinéma. C'est peut-être la combinaison de tous ces arts qui m'a mené à mon style de la photographie.»

L'an dernier, il a décidé de créer un site pour se faire connaître. «J'avais besoin d'un portfolio. J'ai décidé de créer ma propre école, si je peux dire, soit de shooter tous les jours, pour créer et nourrir mon inspiration.» Ainsi, depuis le 1er janvier 2010, il place une photo par jour sur son site. Mais son vrai travail, actuellement, celui qui lui permet de vivre et de s'acheter de l'équipement photo, c'est... prof de natation à Boucherville.

Félix a en effet tâté de la compétition en natation avant de s'apercevoir que c'était difficile de rivaliser avec Michael Phelps... Alors quand il n'est pas au bord de la piscine avec ses nageurs, il les prend en photo, recrute ses amis, son frère et des amis d'amis comme modèles. Cela donne des photos très intéressantes, prises le plus souvent à l'extérieur car il n'a pas de studio.

«J'aime beaucoup me promener et trouver de nouveaux lieux pour prendre une photo. Parfois, un seul mur de briques peut faire la job.»

Sa première photo du 1er janvier 2010 est un autoportrait très sobre mais au fil des mois, il a développé un style personnel très étonnant. Sa démarche ne manque pas d'humour ni de variété et toujours avec un éclairage très travaillé. Il s'est pris dans sa baignoire remplie d'eau et de céréales Froot Loops. Il crée de véritables scènes de film, comme celle où son frère passe un mauvais quart d'heure la tête posée sur une table de billard. Il défie aussi la gravité dans une photo où le plafond est en bas et les pieds de son frère à la renverse.

Plusieurs photos ont une atmosphère surréaliste. «J'ai rencontré François Protat qui a fait de la direction photo au cinéma. Il a été mon mentor en éclairage. Du coup, j'ai une technique avec un éclairage mi-photo, mi-cinéma, ce qui donne un effet à la fois réaliste et fantastique.»

Pas de pression de devoir mettre en ligne une photo tous les jours? «Avec la natation, j'ai été habitué à vivre avec la pression», répond-il. Travaillant avec le logiciel Photoshop, il a aussi créé des photos dans une catégorie «Génétique». Il associe une moitié de visage d'un modèle et l'autre moitié de son frère, de sa soeur, de son père ou de sa mère. Cela donne des assemblages très particuliers.

«J'appelle la série air de famille, dit-il. J'ai commencé à le faire avec mon frère puis j'ai eu des demandes d'autres personnes. On a parfois l'impression que les gens ne se ressemblent pas mais quand on prend leur moitié de visage et qu'on les met côte à côte, c'est fascinant.»

Il s'est associé en septembre à la photographe Manuela Gómez, qui l'assiste dans ses projets tout en conservant ses propres activités. «Elle a étudié en design de mode et son côté styliste m'aide beaucoup. Ça donne un équilibre visuel.» Il essaie aussi de se spécialiser dans la photo «arts et spectacles», les groupes de musique, les artistes, etc.

«Prendre une photo qui ressemble au band que tu as devant toi, c'est intéressant. Je fais aussi des contrats avec des entreprises. Je viens d'en avoir un avec les Carabins pour faire la promotion de leur équipe de natation.»

Il dit s'intéresser à la photo de reportage et avoue rêver de faire un stage dans un journal. «Je pense que je vais postuler à La Presse!» dit-il. En attendant, il réfléchit à savoir si, après le 1er janvier, il poursuivra l'alimentation de son site avec des photos issues de son imagination fertile.

«Peut-être que je vais passer à un concept d'une photo par semaine. Juste pour montrer que je suis encore présent. En attendant de trouver une job de photographe...»