Le Metropolitan Museum de New York dévoile à partir de mardi, en quelques dizaines de clichés pris par les photographes pionniers du XIXe siècle, la révolution urbaine que connut Paris pendant le règne de Napoléon III (1852-1870).

La collection appartient au célèbre musée américain, et est l'une des plus importantes en dehors de France, où la Bibliothèque nationale et le Musée d'Orsay sont les seuls véritables concurrents, explique à l'AFP le commissaire de l'exposition, Malcolm Daniel. L'exposition s'attache à montrer comment un Paris souvent médiéval est devenu l'une des villes les plus modernes de l'époque, sous la houlette d'un empereur qui voulait moderniser mais aussi faciliter les mouvements militaires en cas de nouvelle révolution.

Ce plan fut mis en oeuvre par le préfet de la Seine Georges Eugène Haussmann, mieux connu sous le nom de «baron Haussmann», qui perça notamment les grands boulevards et permis l'édification des immeubles de rapport qui caractérisent aujourd'hui nombre de quartiers résidentiels de la capitale française.

«On peut comparer Haussmann à Robert Moses, l'urbaniste qui transforma New York au XXe siècle, tous deux ont eu un certain mépris pour ce qu'ils détruisaient», estime Malcolm Daniel.

Les photos de Gustave Le Gray, Edouard Baldus ou Pierre-Ambroise Richebourg montrent des ruelles pavées, des canaux insalubres, des rivières comme la Bièvre où des dizaines de tanneries déversaient leurs déchets.

Puis c'est l'industrialisation, la rénovation de Notre-Dame. En quinze ans, certains quartiers comme celui de la Tour Saint-Jacques s'aèrent et s'embourgeoisent.

L'apothéose est atteinte avec l'installation de 20 000 réverbères à gaz. Puis arrivent les révolutionnaires de la Commune en 1871 et les photos suivantes montrent Paris détruite, la colonne de la Place Vendôme à terre, Neuilly bombardée au mortier, l'Hôtel de ville brûlé.

«Ces expositions sont très instructives, dans un pays où personne ne sait qui est Napoléon III mais tout le monde adore Paris», conclut le commissaire.