Arrêtée le 31 mai, la construction de l'édifice culturel du 2-22, au coin de la rue Sainte-Catherine et du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, reprendra au début du mois d'octobre, a appris La Presse.

La Société de développement Angus et son partenaire financier Fondaction CSN ont lancé en mai le chantier du 2-22, un projet de 15 millions financé par Québec, Montréal et Ottawa qui permettra à des organismes comme la radio CIBL et Imago d'y loger en tant que propriétaires des lieux.

Peu après le début des travaux, la SDA a tout arrêté quand le fédéral a remis en question le fait que CIBL et Imago puissent bénéficier de 1,6 million chacun dans le cadre du Fonds de stimulation de l'économie. En effet, le programme ne permettait pas a priori les achats de copropriétés. Les deux organismes ne pouvaient plus, du coup, garantir complètement l'acquisition de leurs nouveaux locaux. Après de longues discussions au cours de l'été, auxquelles Québec et Ottawa ont participé, une solution administrative a finalement été trouvée sur ce point à la fin août.

Mais depuis, la date butoir prévue pour la fin des travaux, le 31 mars, pose problème. À cause du retard pris à l'été, le 2-22 ne sera pas terminé au printemps et le fédéral ne veut pas financer ce qui sera fait après le 31 mars, une somme d'environ 1,5 million.

Exaspéré par le retard du projet, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a réclamé lundi la reprise des travaux. La réponse de Christian Yaccarini ne s'est pas fait attendre. Il a dit à La Presse, hier, qu'à la suite de discussions, «la Société de développement Angus a aujourd'hui en mains les garanties requises pour redémarrer le chantier».

«J'ai décidé de demander vendredi au conseil d'administration de la SDA de remobiliser l'entrepreneur pour redémarrer les travaux dans les prochains jours, en espérant que d'ici le 31 mars une entente aura lieu», nous a dit M. Yaccarini.

«J'ai décidé de prendre le risque, a-t-il ajouté. Nous comprenons très bien la réaction du maire de Montréal. M. Tremblay appuie concrètement ce projet depuis des années.»

Il y a quelques jours, le directeur des politiques et des communications d'Infrastructures Canada, Jacques Fauteux, a dit à La Presse qu'Ottawa travaille «dans le meilleur intérêt des contribuables». Il ne comprend pas pourquoi la SDA a arrêté les travaux. La SDA estime de son côté que la décision était normale «pour des gestionnaires responsables».

«Tant qu'ils n'ont pas les moyens d'acheter les locaux, on ne commence pas la construction», a même dit hier Geneviève Morin, chef de la direction financière et du développement corporatif de Fondaction CSN, avant que La Presse n'apprenne que les travaux allaient reprendre.

Christian Yaccarini a assuré à La Presse qu'il a toujours voulu faire ce projet, «mais pas tout croche»: «Si les deux organismes ne sont plus assurés d'avoir tout l'argent, qu'est-ce que je fais? Si c'est moi qui paie tout d'avance, qui dit qu'après, le gouvernement paiera? Je ne peux pas perdre 1,5 million. «Démarrez les travaux, on paiera plus tard»: quelle mentalité! C'est comme ça qu'on arrive à des dépassements de coûts.»

Une fois que les travaux auront repris, des négociations débuteront de nouveau pour trouver une solution financière à ce feuilleton. À moins que le premier ministre canadien, Stephen Harper, décide de repousser l'ultimatum, ce qui donnerait un peu d'oxygène à ce projet qui reprend enfin son souffle.