La première génération «électro» a pris des rides. Mais si elle continue d'aller en rave, le sourire jusqu'aux oreilles, c'est désormais comme les fans des Rolling Stones: avec ses enfants.

Le festival de musique Sonar de Barcelone, grand messe européenne des inconditionnels de musiques techno et électro, a créé cette année pour la première fois un événement spécial pour les enfants et leurs parents. Le légendaire DJ français Laurent Garnier, qui a commencé à composer à la fin des années 1980, lui-même père de famille, a mixé dimanche pour les enfants lors du premier SonarKids, avec un niveau sonore réduit et adapté aux petits.

Le collectif de hip hop allemand Puppetmastaz a également joué pour les gamins avec ses célèbres marionnettes. D'autres ont animé des ateliers de mix, de beatbox (boîte à rythmes humaine) et des cours de danse hip hop.

«Nous voyions de plus en plus de gens venir au Sonar avec leurs enfants, donc nous avons décidé de faire quelque chose spécialement pour eux», a déclaré à l'AFP le co-fondateur et directeur de Sonar, Enric Palau.

Ceux qui atteignaient leur majorité dans les années 1980 et 1990, lors des premières vagues de rave et techno sont maintenant parents, mais ils ne veulent pas pour autant louper leurs festivals d'été.

«Nous voulions faire quelque chose qu'adultes et enfants pouvaient apprécier ensemble», explique Enric Palau. «Nous avons invité des artistes pour qu'ils fassent des performances spéciales pour eux».

Le festival Sonar, qui a démarré jeudi et s'est achevé dimanche, a été comme d'habitude divisé entre le décontracté Sonar de Dia (Sonar de Jour) au musée d'Art contemporain de la ville, et le Sonar de Noche (Sonar de Nuit), avec son atmosphère de club dans des hangars géants de la périphérie de Barcelone.

L'icône de mode et de musique des années 1980, Grace Jones, la Panthère noire, a été la tête d'affiche vendredi soir.

D'autres stars de la scène électro se sont produit durant ces trois jours de musique, comme Orbital, Richie Hawtin, Jeff Mills et Carl Craig.

Restant fidèle à ses racines en se voulant tremplin pour des artistes du monde entier, Sonar a aussi accueilli des DJs et producteurs d'Afrique, Syrie, Russie, Singapour et Japon.

«Nous invitons des gens de tous les endroits où se créent des choses intéressantes», explique M. Palau. «C'est l'un de nos buts. Beaucoup de festivals ne comptent que sur des artistes anglo-américains. La musique électronique, avec ses compositions instrumentales, donne des opportunités à des gens venant d'horizons bien plus lointains».

Interrogé sur les scènes électroniques les plus créatives d'aujourd'hui, Palau met en avant une destination européenne, qui n'est ni la légendaire et favorite Londres, ni la récente et chaude Berlin.

«Je dirais la France, et pas seulement Paris», a-t-il répondu. «C'est pourquoi les trois derniers artistes que nous avons choisi pour les dernières performances du Sonar de Noche de vendredi sont tous Français. Il y a de la joie dans leur musique. C'est très festif».

Le producteur de house et techno dopées de lourdes basses Brodinski, le nouveau talent d'électro-house Don Rimini et le Lyonnais Agoria ont officié aux tables de mixage jusqu'à l'aube devant des centaines de personnes.

À cette heure-là, les enfants étaient déjà tous couchés.