Le Québec, comme l'annoncerait Marie Plourde sur un ton hyper dramatique, a voté massivement: il craque encore pour la téléréalité, ses aspirants chanteurs et ses célibataires bronzés/épilés/musclés.

Les agences de publicité consultées par La Presse prévoient en effet que les Occupation double 5, Loft Story 5 et Star Académie 4 caracoleront en tête des palmarès BBM. Et ce, même si l'effet «nouveauté» n'influence plus du tout leur immense popularité.

«Le succès dépendra des participants, mais nous prévoyons que les téléréalités se classeront encore dans le top», analyse la vice-présidente et directrice médias chez Cossette Média, Francine Marcotte.

Plusieurs éléments permettent aux téléréalités d'encore briller dans le firmament télévisuel. «En partant, le concept d'Occupation double est gagnant. Il marche fort. Les gens aiment les voyages et ce qui est inaccessible. Les téléspectateurs aiment aussi découvrir de nouveaux visages, qu'ils ne voient dans aucune autre télésérie», détaille le producteur au contenu d'Occupation double 5, Nicolas Lemay.

La vice-présidente à la programmation de TVA, France Lauzière, ajoute: «Star Académie, c'est beaucoup plus qu'une téléréalité. La chanson est à la base de notre culture. C'est incroyable toute la passion et l'admiration que suscite cette production artistique. De voir des jeunes réaliser leur rêve, c'est joyeux, c'est un bon feeling. Pour Occupation double, on permet aux téléspectateurs d'être des acteurs dans l'histoire. Ils ont le pouvoir d'influencer le déroulement du jeu. L'interactivité crée un lien de proximité».

Le facteur «discussion autour de la machine à café» soude également les fans à leur petit écran. Comme les galas et les finales sportives, les «téléréalités font partie des émissions qui sont le moins enregistrées. Les gens veulent connaître tout de suite l'identité de la personne qui a été évincée. Le direct prend ici toute son importance et les pauses publicitaires ont beaucoup moins de chance d'être zappées», constate Francine Marcotte de Cossette Média.

L'automne dernier, 95% des fans d'Occupation double 4 suivaient l'ouverture de l'enveloppe rouge en direct. Les 5% restants enregistraient l'émission, pour la visionner dans les sept jours suivants. C'est ce que les analystes appellent «l'écoute en différé». Pour Loft Story 4, environ 91% des fidèles assistaient à l'éviction du participant en direct, contre 9% qui remettaient ce moment «fatidique» à plus tard.

En comparaison, pour une série dramatique comme Casino ou Les soeurs Elliot, l'écoute en différé constitue entre 10% et 19% de l'audience totale.

Et plus la portion d'écoute en différé grimpe, moins les publicitaires se frottent les mains. C'est évident: connaissez-vous bien des téléphages qui se tapent volontairement les réclames de SSQ ou de beignets Tim Hortons quand ils dévorent un épisode enregistré de leur téléroman favori? Bien sûr que non. On enfonce la touche FFW et, bingo, on sauve de précieuses minutes.

Autre avantage des téléréalités: elle n'embauchent pas de comédiens professionnels, ce qui permet aux annonceurs de catapulter, sans trop enfreindre la convention collective de l'Union des artistes (UdA), leurs bouteilles de shampoing ou leurs fruits congelés directement dans le contenu des épisodes. D'où la surabondance de marques qui s'étalent sans gêne dans le loft et à l'intérieur des châteaux néo-rococo d'Occupation double.

«Pour une intégration de produit dans un téléroman, il faut quasiment la planifier un an à l'avance. Dans une téléréalité, c'est plus instantané et très flexible. L'effet est immédiat», indique la directrice générale associée à l'agence BCP, Carol Ann Kairns.

Et quand un lofteur ou un célibataire d'Occupation double vante, spontanément, un produit qu'il manipule, les publicitaires exultent. «C'est ça qu'on cherche. Quand finalement quelqu'un parle d'un de nos produits, c'est extraordinaire», note Carol Ann Kairns de chez BCP.