Objet de culte et de passion célébré au cinéma et en musique, la Harley Davidson a désormais son musée. Depuis ce week-end, ses aficionados peuvent (re)découvrir à Milwaukee son histoire et admirer les modèles du plus grand fabricant américain de motos, qui a tissé un lien sans égal avec ses clients.

Le site du musée ouvert samedi, qui s'étend sur un peu plus de huit hectares près du centre-ville, compte trois bâtiments en brique noire, acier galvanisé et verre appelés à devenir un temple pour les propriétaires d'une Harley. La directrice du musée Stacey Schiesl mise sur une affluence annuelle de près de 350 000 personnes en provenance du monde entier.

«À beaucoup d'égards, l'histoire de la Harley-Davidson reflète l'histoire de l'Amérique», observe Rebecca Portman, porte-parole de l'entreprise. «La société a 105 ans, a survécu à des récessions, des dépressions, des guerres, des hauts et des bas... C'est à mon avis une raison pour laquelle les gens éprouvent beaucoup de fierté en Harley Davidson».

Après avoir échappé à la faillite dans les années 1980 grâce à un banquier qui a accepté le refinancement du prêt de 90 millions de dollars contracté par des dirigeants pour racheter la société à American Machine and Foundry Co., le plus grand fabricant américain de motos est désormais une société qui figure au Fortune 500 -classement des 500 entreprises américaines qui réalisent le plus important chiffre d'affaires.

Fondée en 1903 à Milwaukee (Wisconsin), Harley Davidson affiche un revenu annuel de près de six milliards de dollars. Près de la moitié des motos vendues aux États-Unis sont des Harley, engins cultes réputés pour leurs courbes tout en brillance et leur rugissement. La marque peut se vanter de compter plus d'un million de membres au sein du Harley Owners Group (HOG), le groupe des propriétaires de Harley, né en 1983.

Fort de cette longévité, le nouveau musée de Milwaukee, ouvert à quelques semaines des célébrations du 105e anniversaire de l'entreprise (28-31 août), offre au public la possibilité de contempler près de 200 motos, ainsi que des pans de l'histoire de la société et de la culture Harley sous-tendue par la devise «Ride to live, Live to ride» (rouler pour vivre, vivre pour rouler).

Parmi les modèles présentés, figure la plus ancienne Harley, la Serial Number One. C'est une bicyclette munie d'un petit moteur, mis au point par les fondateurs de la société William S. Harley et Arthur Davidson dans une remise en bois d'à peu près trois mètres sur quatre, où les mots «Harley Davidson Motor Company» étaient inscrits sur la porte.

Les visiteurs peuvent aussi s'arrêter devant le modèle KH 1956 rouge et blanc d'Elvis Presley, qui l'avait acheté à Memphis moyennant des paiements mensuels de 50,15 dollars, quelques mois seulement avant la sortie de la chanson «Heartbreak Hotel» qui devait atteindre le sommet des classements. Les raisons pour lesquelles le King of rock'n'roll avait choisi de l'acquérir tenaient en deux mots: «Plaisir et affaires». Le chanteur devait d'ailleurs apparaître en couverture du magazine de Harley Davidson, «The Enthusiast», en mai 1956, une pièce également exposée.

À côté des motos, le public peut voir ou revoir grâce à un écran vidéo des images mettant en scène des Harley à la télévision ou au cinéma. La moto a été immortalisée dans plusieurs longs métrages comme «Easy Rider» et «Pulp Fiction» sans compter sa reprise dans des films d'animation dont les «Simpsons». Cette année, Harrison Ford et Shia Labeouf en chevauchaient une dans «Indiana Kones et le Royaume du Crâne de Cristal».

«Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson...», lançait pour sa part Brigitte Bardot, crinière au vent, sur une chanson de Serge Gainsbourg, à la fin des années 1960, quand Johnny Hallyday a célébré la moto culte dans «Que ma Harley repose en paix» à la fin des années 1990.

Si l'entreprise recelait environ 90% des objets exposés dans ses archives, elle a dû se tourner vers des propriétaires pour acheter certaines des pièces présentées, selon Stacey Schiesl.

C'est un lieu «où les passionnés de motos, les passionnés de Harley-Davidson vont se sentir immédiatement chez eux», estime-t-elle. «Mais c'est aussi un endroit» où ceux qui ne sont pas familiers de ce monde ont vraiment un aperçu «de la liberté, de la camaraderie, et de l'expression personnelle» que connaît chaque motard qui chevauche une Harley.