Il devait y avoir deux orchestres et un total de 140 musiciens sur la scène de l'Amphithéâtre de Lanaudière vendredi soir. Le Philharmonic Orchestra of the Americas, dont on n'avait du reste jamais entendu parler, ne s'est pas présenté, et sans qu'on sache pourquoi. L'autre orchestre annoncé, celui de la Francophonie canadienne, était au rendez-vous, avec son chef et fondateur Jean-Philippe Tremblay et ses 70 musiciens.

Offrant aux jeunes instrumentistes canadiens de toute origine un apprentissage orchestral en milieu francophone, l'OFC est en bonne partie renouvelé chaque été depuis sa création en 2001. On compte 80% de nouveaux sujets pour l'«édition» 2008 et la tournée de neuf concerts dont celui de Lanaudière était le troisième.

L'annulation, qui a entraîné une modification du programme, a aussi valu à l'auditoire de quelque 2000 personnes une petite révélation: le poème symphonique Hercule et Omphale, de Claude Champagne, éminent compositeur et pédagogue montréalais dont une de nos salles perpétue le souvenir. Composée en 1918 et créée à Paris en 1926, la pièce fut jouée à l'OSM trois fois - 1935 et 1941, dir. Wilfrid Pelletier; 1976, dir. Franz-Paul Decker - et Raffi Armenian la fit en concert et l'enregistra avec l'Orchestre-Réseau du Conservatoire en 1983.

C'est une solide partition, dans la tradition de Saint-Saëns. Le puissant unisson d'entrée représente la force prétendument invincible d'Hercule et le chant du hautbois décrit la grâce d'Omphale qui, finalement, triomphera. Tremblay et son orchestre ont reproduit ce petit scénario avec éloquence et dans une magnifique sonorité.

Le jeune chef a obtenu la même plénitude sonore et la même expression continue dans le Prélude et le Liebestod du Tristan und Isolde de Wagner, puis a lancé son orchestre dans un Don Juan de Richard Strauss marqué de quelques accidents mais toujours rempli de passion et de tendresse.

Marianne Fiset, premier prix l'an dernier au Concours international de Montréal, a d'abord chanté deux airs de Mozart, celui de Pamina et celui de la Comtesse, ensuite la Romance à la lune de l'opéra Roussalka, de Dvorak, puis cinq lieder de Richard Strauss (un sixième lied annoncé fut omis). Pour l'ensemble, la voix était fort belle, bien contrôlée, assez puissante même; quelques imprécisions d'intonation sont négligeables.

Le Dvorak, qui avait valu son prix à Marianne Fiset et constitue le meilleur moment de son récent disque, est aussi ce qu'elle nous donna de plus beau, à tous égards, vendredi soir. Pour l'instant, elle reste «la chanteuse d'un seul air». Il lui faudra parfaire techniquement ses Mozart et nourrir davantage ses Strauss pour s'imposer au plan international.

Tremblay la suivit avec la plus grande attention. L'orchestre commit bien des fautes dans les Mozart mais enveloppa somptueusement la voix par la suite.

Orchestre de la Francophonie canadienne. Chef d'orchestre: Jean-Philippe Tremblay. Soliste: Marianne Fiset, soprano. Vendredi soir, Amphithéâtre de Lanaudière. Dans le cadre du 31e Festival de Lanaudière.