Sous ses allures de jeu indépendant bon enfant, Born of Bread, du studio de Blainville WildArts, bouillonne de créativité et d’humour. Et si on peut trouver la mécanique un peu répétitive, il y a là les ingrédients pour s’amuser pendant de longues heures.

Born of Bread est la deuxième œuvre du petit studio WildArts, fondé par Nicolas Lamarche et Gabriel Bolduc-Dufour et qui avait livré en 2017 Helltown. Ce jeu d’horreur atypique, dans lequel on personnifie un facteur pourchassé par des monstres dans la nouvelle ville de Little Vale, avait connu un honnête succès d’estime et se démarquait par son graphisme pixellisé et son ton très original.

Rien d’horrible ou de pixellisé cette fois dans Born of Bread, qui reprend en la détournant l’esthétique de jeux comme Papier Mario, où des personnages plats se promènent dans des décors 3D. L’aventure est menée par Tipain, un golem sorti par accident du four du boulanger royal Papa Dufourneau. Il devra affronter un groupe d’adolescents ressuscités par des archéologues déboussolés, la bande à Fripon, qui tente de mettre la main sur des éclats de pierre solaire cachés dans le royaume.

CAPTURE D’ÉCRAN

RPG revisité

Notre Tipain devra donc sillonner forêts et secteurs cachés de Ville-Royale, bâtie sur les ruines d’une ancienne civilisation, l’Empire des braises. Il sera accompagné dès le départ par un raton laveur perdu, Lindt, qui passait son temps seul à écrire des histoires. D’une mission à l’autre, il récoltera objets utiles et rencontrera d’autres partenaires auxquels il pourra faire appel durant les combats. Il acquerra dans le bon vieux style RPG compétences, force et techniques et pourra utiliser des armes variées allant de la louche de base à la brochette de shishkebab ou à la lame glacée.

CAPTURE D’ÉCRAN

Les décors sont adorables, dessinés dans un trait simple et très coloré. On obtient des indications pour les missions en dialoguant, par des phylactères en six langues dont le français, avec tous les animaux, soldats, gardien de sanctuaire et autre faune habitant dans le royaume.

Loin des dialogues un peu automatiques auxquels on a souvent droit, les artisans de WildArts se sont amusés ici à donner un ton humoristique aux répliques, avec des avertissements un peu décalés et des personnages exagérément pompeux ou déprimés. Quand un ennemi croise votre route, c’est l’affrontement. La mécanique des combats semble très simple mais est beaucoup plus subtile qu’il n’y paraît. Il s’agit ici de combats coup par coup, pour lesquels vous devez choisir un partenaire et piger ensuite dans le nombre d’armes limité que peut contenir votre sac. À chaque tour, vous devez choisir votre action parmi les cartes proposées, soit essentiellement attaquer, vous défendre, utiliser un article pour régénérer une de vos forces ou vous enfuir. Vos capacités sont essentiellement divisées en trois segments, points de vie, de courage et de résolution, qui alimentent vos coups et votre capacité à encaisser. Et une fois le coup choisi, offensif ou défensif, vous devez jouer rapidement de la manette pour l’activer exactement au bon moment pour obtenir l’effet optimal.

Amusant et ingénieux

L’exercice semble simple mais est rapidement compliqué par toute une série de caractéristiques qu’on peut ajouter aux personnages pour les rendre plus courageux, sarcastiques ou résistants. Le bon moment pour porter le coup est également à découvrir par l’expérience, pour que la cible soit pleinement atteinte. Les partenaires de Tipain n’ont pas tous les mêmes capacités, Lindt pouvant par exemple démolir des obstacles et trouver des objets précieux. Certaines armes sont inefficaces contre des ennemis résistants, on dispose de pouvoirs antipoison ou feu, on peut même recourir à la méditation pour se protéger ou découvrir de nouvelles zones.

CAPTURE D’ÉCRAN

Amusant et très ingénieux, tout cela. On doit cependant admettre une certaine lassitude après quelques heures à jouer de la touche A et du joystick pour trouver le bon moment pour déclencher une attaque. Les dialogues ont également tendance à être un peu longuets, surtout qu’il faut souvent solliciter votre interlocuteur deux ou trois fois pour qu’il dévoile tout ce qu’il a à dire.

Mais au final, Born of Bread est une adorable surprise, un amusement qui reprend les codes familiaux notamment popularisés par Nintendo en lui injectant une belle folie. Il ne s’agit pas d’un AAA, évidemment, mais les quatre artisans au cœur de WildArts ont su offrir une relecture rafraîchissante de ce concept.

Born of Bread

  • Développeur : WildArts Studio
  • Éditeur : Dear Villagers
  • Parution : 5 décembre 2023
  • Prix (édition standard PC) : 32,50 $
  • Pour PS5, Xbox Series, PC et Nintendo Switch

Note : 8 sur 10

Essayé sur PC avec une copie fournie par WildArts Studio