Avec l’embauche de 30 000 professionnels depuis 2016 et, surtout, un bond de 15,7 % pendant la pandémie, Montréal s’impose comme le champion de la croissance du secteur des technologies de l’information (TI) parmi 14 métropoles nord-américaines.

Derrière la bonne nouvelle se cachent cependant deux notes négatives : la rareté de la main-d’œuvre va empirer et la présence des femmes demeure marginale.

Ce sont quelques-uns des faits saillants d’une étude publiée mercredi par l’Institut du Québec (IDQ), un organisme à but non lucratif issu d’un partenariat entre HEC Montréal et le Conference Board du Canada. On a comparé Montréal avec 13 autres villes de taille similaire et ayant un secteur des TI comparable. On y retrouve notamment Boston, San Francisco et Seattle aux États-Unis, ainsi que Toronto et Vancouver au Canada.

PHOTO YVES LACOMBE, FOURNIE PAR L’IDQ

Emna Braham, directrice adjointe de l’Institut du Québec

« La croissance de l’emploi des professionnels en TI s’est accélérée pendant la pandémie, résume Emna Braham, directrice adjointe de l’IDQ. Avant, on voyait Montréal en milieu de peloton en matière de taille et de croissance […] Puis il y a eu un bond, et tout indique que la demande pour ces professionnels va aller en augmentant. »

De la 8e à la 1re place

Montréal figure en 9position avec 163 800 professionnels en TI en 2020, la première étant occupée par Washington avec 351 540 emplois. On a retenu pour cette catégorie 18 professions toutes liées à l’informatique, allant des développeurs en multimédia aux installateurs de matériel de télécommunications.

Le salaire horaire pour l’ensemble des TI a été établi à 33,05 $ en 2020. Aucune comparaison avec les 13 autres villes n’a été établie à ce sujet dans ce rapport.

Pour la métropole québécoise, les emplois en TI ont représenté 6,6 % de l’emploi total en moyenne entre 2016 et 2020. Durant cette période, le taux de croissance moyen de ce secteur a été de 3,5 % par année, ce qui place Montréal en huitième position. Mais soudainement, de 2019 à la fin de 2020, la croissance a été de 15,7 %, la plus importante des 14 villes.

De tous les postes, ce sont ceux de « technologues et techniciens en génie électronique et électrique » qui ont connu la plus forte hausse annuelle de 2016 à 2020, avec 15,5 %. Les analystes et administrateurs de base de données arrivent en deuxième position avec 13,8 %.

Ces statistiques auraient vraisemblablement été meilleures si le nombre de postes vacants n’avait pas augmenté en parallèle. On en dénombrait 4958 début 2020, un taux de vacance de 2,7 % tout de même inférieur à l’ensemble des emplois, qui était de 3,3 %.

Femmes recherchées

Ce qui inquiète à l’IDQ, c’est que la tendance est plus prononcée en TI, alors que le nombre de postes vacants a augmenté de 31,8 % chaque année entre 2016 et 2020, contre 24,8 % pour l’ensemble de l’économie.

Bref, le secteur des TI devrait rejoindre et dépasser à ce chapitre le reste de l’économie dans les prochaines années, estime Mme Braham. « Tout indique que la demande va aller en augmentant. Déjà, la moitié des professions identifiées en TI sont en pénurie. C’est donc très important d’avoir un œil sur la rareté de la main-d’œuvre. »

Le salaire horaire moyen offert pour les postes vacants en TI à Montréal était de 32 $ en 2020, contre 21 $ dans l’ensemble de l’économie. Les salaires offerts sont plus bas qu’à Toronto (38 $ et 24 $ pour l’ensemble) et Vancouver (36 $ et 23 $), un écart qu’on explique essentiellement par le plus faible coût de la vie à Montréal.

On note par ailleurs la persistance d’un phénomène qui touche pratiquement toutes les professions en TI, la présence minoritaire des femmes, qui ne représentaient que 19 % des employés en 2020. Il s’agit d’une hausse notable depuis 2006, alors qu’elles représentaient 12 %, mais Montréal fait moins bien à ce chapitre que Toronto et Vancouver, où les femmes représentent 22 % de l’ensemble.

« Ça va vraiment être un enjeu, c’est un bassin qu’il faut aller chercher », estime Mme Braham.