L'action d'Airbus bondissait de plus de 2% mardi matin à la Bourse de Paris, dynamisée par l'annonce d'un spectaculaire rapprochement de l'avionneur européen avec le canadien Bombardier dans les avions moyen-courriers.

Vers midi (6h00 à Montréal), le titre prenait 2,32% à 78,86 euros, dans un marché complètement stable.

«Même si Airbus connait une passe difficile en raison» d'enquêtes en cours, «le groupe prend une décision stratégique majeure en se rapprochant de Bombardier», ont souligné les analystes de Aurel BGC.

Ce rapprochement sur le marché de l'aéronautique civile, annoncé dans la nuit de lundi à mardi, verra Airbus prendre une part majoritaire du programme d'avions moyen-courriers C Series de Bombardier, au coeur d'un bras de fer avec Boeing.

Le groupe canadien est en effet soumis à une forte pression des États-Unis qui ont imposé des droits préliminaires de 220% sur ce type d'avions importés sur leur sol, ainsi qu'une taxe antidumping de 80%.

«La beauté de l'opération réside dans sa gratuité (relative car des investissements seront nécessaires) : Airbus ne dépensera pas un euro à court terme, mais s'engage à apporter son savoir-faire industriel et commercial au service du programme C Series», ont souligné les analystes de Aurel BGC.

«L'avionneur européen se renforce ainsi sur un segment de marché qu'il avait délaissé, celui des moyen-courriers de moins de 140 sièges», ont-ils complété.

«Sur le papier, ont-ils poursuivi, Boeing est pris à son propre piège : le groupe avait tenté de fermer le marché américain à son concurrent du nord et devra maintenant affronter une alliance entre ses deux principaux concurrents».

Selon les termes de l'accord, Airbus détiendra approximativement 50,01% de l'entité qui gère le programme C Series, et Bombardier et Investissement Québec, bras du gouvernement provincial, respectivement 31 et 19%. Le siège du programme et la ligne d'assemblage principale resteront basés au Québec.

Une seconde ligne d'assemblage sera établie à Mobile, Alabama (Sud des États-Unis), où Airbus a installé une FAL (ligne d'assemblage finale) pour sa famille A320.

Cet accord offre une bouffée d'oxygène à Bombardier qui n'a pas engrangé de nouvelles commandes pour le CSeries depuis un an et demi et il intervient pour Airbus au moment où le groupe est par ailleurs sous le coup d'enquêtes du Parquet national financier (PNF) en France et du Serious Fraud Office (SFO) en Grande-Bretagne pour des irrégularités sur des transactions, faits qu'il avait lui-même dénoncés en 2016.