Faisant fi des craintes initiales suscitées par l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, les marchés financiers ont repris le dessus mercredi, dans la foulée de Wall Street dont l'indice vedette s'est offert le luxe d'une hausse.

Pour la finance mondiale, l'Histoire a bégayé mercredi. Comme en juin où les investisseurs s'étaient couchés confiants avant le référendum britannique et s'étaient réveillés avec un Brexit, ils ont rêvé durant la nuit d'Hillary Clinton présidente pour découvrir mercredi matin que ce sera Donald Trump.

Mais si les places financières ont connu une phase d'ajustement, avec de nettes baisses notamment à l'ouverture des Bourses européennes, non seulement elles n'ont pas cédé à la panique mais elles ont réussi à remonter la pente au fil de la journée, changeant même de cap grâce à l'indice américain Dow Jones qui a ouvert sur une hausse de 0,14%, donnant ainsi une impulsion décisive.

Le dollar est lui aussi parvenu à inverser la tendance, remontant face à l'euro. Vers 12h15, l'euro s'échangeait à 1,0944 dollar, contre 1,1020 dollar mardi vers 17h00.

«Pendant la nuit, les marchés ont plus fortement accusé le coup mais une fois la stupeur passée, le fait qu'Hillary Clinton ne conteste pas la victoire et que le premier discours de Donald Trump soit perçu comme davantage fédérateur que diviseur a aidé les investisseurs à ne pas basculer dans la panique comme après le vote en faveur du Brexit», explique à l'AFP Alain Zeitouni, directeur des gestions pour Russell Investments France, basé à Londres.

«La réaction des marchés est temporaire et est une réaction naturelle à une victoire surprise», a commenté Giuseppe Recchi, président exécutif de Telecom Italia.

Le peso dans les limbes

La Bourse de Paris a basculé dans le vert juste au moment où Wall Street ouvrait, terminant même sur une progression confortable de 1,49%. Le jour de l'annonce du vote en faveur du Brexit, la cote parisienne avait perdu plus de 8% à la clôture.

Francfort a de son côté gagné 1,56% contre un recul 2,87% à l'ouverture, tandis que Londres a pris 1,00%.

Le mouvement de repli vers le refuge traditionnel des marchés obligataires, observé à l'ouverture du marché européen s'est également tassé, les taux se retendant même en fin de séance en Europe.

À Londres, coeur de la finance européenne, l'ambiance n'en était pas moins sombre. «Maintenant que Trump est élu, je ne sais pas quel sera le prochain désastre», lâchait John, un travailleur de la City interrogé par l'AFP, sous couvert d'anonymat.

Les marchés asiatiques ont davantage souffert. À Tokyo, l'indice vedette Nikkei, pourtant confiant en début de matinée, a chuté de 5,36%. Sydney a fini en recul de près de 2% et Hong Kong de 2,20%.

La monnaie mexicaine, baromètre de l'opinion des marchés ces dernières semaines sur l'issue du scrutin américain, a aussi payé le prix fort, plongeant de plus de 8% peu après l'ouverture des opérations bancaires au Mexique. Vers 16H00 GMT, la devise mexicaine s'échangeait à 0,05011 dollar pour un peso, contre 0,05456 dollar la veille.

Le Mexique redoutait un succès de Donald Trump, du fait des menaces du milliardaire notamment de renégocier les accords de libre-échange.

Le jour d'après

Maintenant, «le marché va surveiller avec beaucoup d'attention la manière dont il va mettre en place sa politique», relève auprès de l'AFP Alexandre Baradez, un analyste de IG France. Il y aura donc certainement une «phase d'attente et d'observation qui va suivre sur le programme et les réactions mondiales».

«C'est une étrange journée, politiquement et financièrement. Nous avons enduré des chocs politiques massifs, mais les marchés se demandent si le président Trump sera autant une menace pour l'économie américaine quand il sera en poste que pendant sa campagne», observe aussi Kathleen Brooks, directrice de la recherche de City Index.

Si le programme annoncé par Donald Trump pendant la campagne se concrétise, «les changements économiques risquent d'être radicaux», estime Alain Zeitouni.

Mais parallèlement, complète-t-il, Donald Trump «vient du monde des affaires, il connaît l'importance de la croissance économique et en outre avec une Chambre des Représentants et un Sénat républicain, il a la voie libre».