L'annonce d'un accord financier en Europe à propos de la crise de la dette publique en Grèce a provoqué un grand soupir de soulagement sur les marchés financiers.

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Du côté des Bourses européennes, les principaux indices-phares ont sursauté hier à leurs plus hauts niveaux depuis le début de juillet.

«Les premiers éléments qui ressortent [de l'accord européen sur la dette grecque] sont incontestablement favorables et soulagent les marchés», a indiqué Arnaud de Champvallier, directeur des fonds de placement chez Gestion d'actifs Turgot, à Paris.

Mais, de ce côté-ci de l'Atlantique, ce réconfort financier parvenu d'Europe s'est atténué avec l'allongement des tractations politiques à Washington afin de parvenir à un accord sur le rehaussement du plafond de la dette fédérale américaine.

Faute d'un tel accord avant le 2 août, le gouvernement américain risque de se retrouver à court de liquidités pour ses dépenses courantes, notamment pour payer les intérêts sur sa dette qui est déjà la plus importante du monde.

En début de journée, hier, des articles de presse avaient laissé croire à un accord entre l'administration Obama et le Congrès, dirigé par les républicains.

Ces rumeurs, ajoutées au dénouement financier favorable en Europe, ont propulsé les indices boursiers nord-américains en hausse considérable de l'ordre de 2%.

Mais cet élan s'est résorbé après que la Maison-Blanche eut démenti la conclusion d'un accord sur le plafonnement de la dette américaine.

Les principaux indices de la Bourse américaine, le S&P 500 et le Dow Jones, ont finalement terminé hier avec des gains moins prononcés, mais encore notables de 1,3% et de 1,2%, respectivement.

Les titres de banques et de grandes sociétés financières ont enregistré les meilleurs gains journaliers, de l'ordre de 2,8% pour JP Morgan Chase et 3,5% pour Bank of America, par exemple.

Au Canada, l'indice-phare de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX, a bénéficié d'une poussée honorable de 0,7% pour terminer à 13 434 points.

À l'instar des Bourses américaines et européennes, le secteur des banques et des entreprises financières a été le plus performant hier à la Bourse de Toronto. Les titres du secteur de l'énergie ont aussi mieux fait que la moyenne du marché. Auparavant, en Europe, les indices-phares des principales Bourses avaient terminé leur séance avec des hausses variant de 0,8% à Londres jusqu'à 3,7% à Milan, en Italie, qui est l'un des pays les plus endettés d'Europe.

L'indice de la Bourse de Madrid, en Espagne, un autre pays qui fait l'objet d'une haute surveillance financière, a aussi rebondi de 2,9% hier.

Selon Laurent Geronimi, directeur à Paris de la division de banque privée de l'assureur vie Swiss Life, «les dirigeants européens ont accepté de faire des efforts plus importants que prévu pour éviter non seulement une contagion de la crise grecque , mais également pour freiner la contestation sociale qui couve dans de nombreux pays du Sud».

Du point de vue nord-américain, ce nouveau sursis à la crise de dettes nationales en Europe pourrait ne pas suffire à calmer les appréhensions des investisseurs boursiers.

D'autant plus que le blocage politique à Washington apparaît encore loin d'un dénouement satisfaisant.

«La politique derrière ces décisions d'endettement rend extrêmement incertaine toute évaluation d'actifs par les investisseurs, ce qui pourrait peser contre les actifs jugés plus risqués», a noté Vincent Delisle, stratège boursier chez Capitaux Scotia, dans une note transmise à ses clients-investisseurs plus tôt cette semaine.

Et tant qu'il n'y aura pas d'entente à Washington, selon M. Delisle, il faut s'attendre à une amplification de l'effet de ces tractations financières sur les marchés boursiers d'ici à l'échéance du 2 août prochain.

Pour les investisseurs opportunistes, cependant, Vincent Delisle estime que ce contexte d'incertitude et de pressions baissières pourrait fournir une occasion de rehausser à meilleurs prix la part en actions de leur portefeuille.

Après les reculs boursiers des dernières semaines, tant au Canada qu'aux États-Unis, Vincent Delisle estime que l'équation entre le risque et le rendement potentiel pour les investisseurs boursiers nord-américains est à son niveau le plus favorable depuis un an.

Avec Agence France-Presse, Bloomberg et La Presse Canadienne