Lundi 9 mars 2009. L'indice de la Bourse américaine sombre à son plus bas niveau depuis 1996. Le Canada touche aussi un creux boursier. Les investisseurs ont le moral dans les talons. Il y a de quoi...

L'assureur américain AIG vient de dévoiler une perte trimestrielle de 62 milliards US. Les géants de l'automobile GM et Chrysler sont en déroute. Les grandes banques américaines réduisent leur dividende l'une après l'autre. Les stratèges les plus pessimistes prédisent une nouvelle chute boursière d'au moins 10%. Bref, le négativisme bat son plein.

«En mars 2009, nous avions écrit que les investisseurs se trouvaient face à la plus belle occasion d'achat de toute une génération. Mais tout ce qu'on a entendu comme réaction... c'est le son des grillons!» se rappelle le gestionnaire américain James O'Shaughnessy. «Personne n'y croyait. Les gens étaient terrifiés. Ils doutaient même de la sécurité des fonds de marchés monétaires», se rappelle l'auteur du best-seller What Works on Wall Street, en entrevue avec La Presse Affaires au cours d'un passage à Montréal.

Peur, anxiété, effroi. Tout semblait noir. Et pourtant, il y avait une lueur d'espoir... même s'il fallait de bons yeux pour la voir.

Ce fameux 9 mars, la société pharmaceutique Merck annonce une mégafusion de 41 milliards avec Schering-Plough... signe annonciateur d'une reprise boursière. Le lendemain, la banque américaine Citigroup, réduite au rang de penny stock après avoir été rescapée par l'État, affiche son meilleur trimestre depuis 2007.

Sur le coup, la Bourse américaine rebondit de plus de 6%, marquant le début d'une formidable remontée des Bourses mondiales.

100% en deux ans

Deux ans jour pour jour après le creux du 9 mars 2009, l'indice S&P/TSX composé de la Bourse canadienne a repris 85%. En incluant les dividendes, les gains s'élèvent à 97%, indique Jean-Paul Giacometti, gestionnaire de portefeuille pour la société montréalaise Claret.

Ainsi, les investisseurs ont récupéré toutes leurs pertes. Leur portefeuille est de retour en territoire positif. Depuis l'ancien sommet atteint en juin 2008, les investisseurs ont obtenu un rendement de 1,5% (soit 0,5% annuel composé).

Pour les placements étrangers, le portrait est différent. La Bourse américaine a encore mieux fait, avec un gain de 95% depuis deux ans (102% en incluant les dividendes). Or, l'appréciation du huard a mangé la moitié de ce rendement. En dollars canadiens, la Bourse américaine n'a récupéré que 52%.

Néanmoins, le moral revient. «Les gens recommencent à avoir confiance. Ceux qui ne voulaient plus investir en Bourse pensent à revenir. Ça me dit qu'on pourrait se faire secouer un peu cette année», dit M. Giacometti.

Bonds spectaculaires

Certaines sociétés ont connu des rebonds boursiers spectaculaires depuis deux ans, particulièrement les petites et moyennes sociétés en mal de financement qui avaient été les plus malmenées durant la crise.

«On était dans un contexte où les banques avaient peur de se prêter entre elles. Les plus petites sociétés qui avaient besoin de sous étaient vraiment mal prises», rappelle M. Giacometti.

Ainsi, des titres comme celui de l'agence de sécurité Garda World, qui était criblée de dettes, ont rebondi de plus de 700% en deux ans.

Les banques, qui étaient au coeur de la tourmente, ont gagné plus de 100%. Les fabricants de pièces automobiles, comme Magna International ou Linamar, ont aussi regagné du terrain. Sans compter les titres de ressources naturelles qui continuent de profiter de la hausse du prix des matières premières. On peut citer Teck Resources, dont le titre a explosé de plus de 1000%, passant de 3$ à 52$!

«Il reste encore des occasions d'achat, mais il y en a moins au Canada», constate M. Giacometti. Les investisseurs devraient peut-être regarder de l'autre côté des frontières, notamment aux États-Unis.

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QUELQUES EXEMPLES DE REBONDS EXCEPTIONNELS

NB: Rebond depuis le creux du 9 mars 2009

Matériaux

Teck Resources

+1314%, de 3,72$ à 52,61$

Pièces automobiles

Linamar Corp.

+795%, de 2,38$ à 21,32$

Transports

Transforce

+374%, 2,82$ à 13,37$

Vêtements

Vêtements de sport Gildan

+296%, de 7,54$ à 29,89$

Services financiers

Banque Nationale

+109%, de 35,46$ à 74,11$