«Le plus chaud de la crise serait passé, le marché des actions serait trop déprécié et il serait temps d'y revenir, tout en se protégeant en partie via plus d'investissements dans des classes d'actifs diversifiées.»

C'est ainsi que Muriel Nahmias, directrice des études et de la recherche à Paris pour la société-conseil londonienne bfinance, résume ce que pensent les «gros» investisseurs des marchés financiers par les temps qui courent.

La société dirigée par Mme Nahmias a consulté 60 caisses de retraite réparties de façon presque égale entre l'Amérique du Nord et l'Europe pour constater que 46% des investisseurs institutionnels veulent accroître l'exposition aux actions d'ici 12 mois. En même temps, 42% prédisent qu'ils diminueront le poids des obligations dans leur portefeuille.

Cette étude intitulée «Pension Funds&Insurance Asset Allocation Survey» révèle donc des intentions en sens inverse du comportement adopté depuis octobre, indique bfinance. Le sondage indique que 73% des caisses de retraite ont réduit leur exposition aux actions depuis l'automne dernier alors que 44% ont acheté davantage de titres à revenu fixe. Les transactions des cinq derniers mois ont fait en sorte que les entreprises américaines et européennes ont refilé 382 milliards US d'obligations au marché.

Est-ce que ce retour prévu vers la Bourse est un signe que le pire est vraiment passé ou s'agit-il simplement de la pensée magique? Il faut percevoir une petite réserve dans les données.

«Ce changement d'attitude nous laisse supposer que le pire de la crise financière est maintenant derrière nous, affirme Marc Godin, directeur général pour bfinance Canada. Quelque 35% s'attendent néanmoins à une diminution de leur exposition aux actions (contre 37% en octobre dernier), tandis que 19% seulement, contre 41% précédemment, prévoient une stabilité.»

Chez bfinance, on estime quand même avoir trouvé un autre indicateur de confiance pour soutenir l'idée d'une reprise boursière. Seulement 24% des répondants au sondage entendent diminuer leur gestion active de placement, contre 41% en octobre. La gestion active est fondée sur des transactions souvent plus nombreuses afin de profiter des occasions du marché au lieu de se fier aux indices.

«Il semble que le sentiment très négatif sur la gestion active qui prévalait en octobre dernier ait été en partie neutralisé par le récent rebond des Bourses, avance Marc Godin. Une interprétation possible est que les investisseurs sont revenus à la vie normale, certes dans un nouveau contexte, mais avec le souhait de surperformer leurs indices de référence après une période violente et brutale de dépréciation de l'ensemble des actifs.»

Le sondage permet aussi de voir que la diversification dans les véhicules alternatifs comme le placement privé, les infrastructures, l'immobilier et les achats à l'international est toujours au calendrier pour les grands investisseurs. Par exemple, un quart des répondants investit davantage dans l'immobilier qu'auparavant.

Il reste à voir si toutes ces prévisions tiendront la route longtemps, car les principaux indices mondiaux connaissaient d'importantes baisses hier après quelques semaines de hausse...