Bombardier n'a pas l'intention de quitter le segment des avions régionaux même si l'entreprise a vendu son site de Downsview, à Toronto, où se fait actuellement l'assemblage du Q400, pour 635 millions $ US.

En vertu de l'accord signé avec l'Office d'investissement des régimes de pensions du secteur public, l'entreprise québécoise pourra continuer à exploiter cet endroit pour une période maximale de trois ans.

L'avionneur pourra également prolonger son séjour de deux ans en vertu d'options qui peuvent être exercées.

«Nous allons continuer d'assembler cet avion à Downsview et nous allons décider par la suite», a affirmé son président et chef de la direction, Alain Bellemare, lors d'un point de presse, en marge de l'assemblée annuelle, qui se tenait jeudi à Montréal.

Bombardier, qui s'apprête à voir Airbus prendre les commandes de la C Series d'ici la fin du deuxième trimestre, a l'intention de mettre davantage d'énergie dans des programmes comme ceux du Q400 et du CRJ, qui est assemblé à Mirabel.

Le grand patron de l'avionneur a répété à plus d'une reprise son engagement à l'endroit du Q400, sans toutefois garantir que l'assemblage allait demeurer à Toronto.

Bombardier s'est délesté de son terrain de 148 hectares de Downsview étant donné qu'il n'en utilisait qu'à peine 10%.

Parallèlement, l'entreprise a signé un bail à long terme avec l'Autorité aéroportuaire du Grand Toronto pour la location d'un terrain à proximité de l'Aéroport international Pearson pour y implanter une nouvelle usine d'assemblage pour les avions d'affaires Global, où l'on pourrait produire jusqu'à 100 avions par année.

Fred Cromer, le responsable de la vente des avions régionaux, a estimé qu'il y avait un marché grandissant pour les produits comme les Q400 et CRJ ainsi que de nombreux besoins de renouveler les flottes.

«Je crois que la C Series a attiré les regards au cours des dernières années mais pendant ce temps, nous avons réalisé beaucoup de progrès avec le Q400 pour garnir le carnet de commandes», a-t-il expliqué.

Bombardier a par ailleurs confirmé une commande ferme pour 15 appareils CRJ900 par le transporteur American Airlines dans le cadre d'un contrat évalué à 719 millions selon les prix catalogues.

L'entente comprend également des options pour 15 appareils supplémentaires. Les livraisons devraient débuter au début du deuxième trimestre de 2019.

«Alors que la demande pour les avions de 70 à 90 places augmente, nous croyons que la famille CRJ est bien positionnée», a dit M. Bellemare, en début de journée, au cours d'une conférence téléphonique avec les analystes.

Plusieurs options

Grâce à la vente du terrain de Downsview, qui se traduira par un gain de 550 millions $ US, et d'une récente émission d'actions, Bombardier a des liquidités estimées à 1 milliard $ US pour l'aider à poursuivre son plan de redressement.

Prudent dans ses commentaires, M. Bellemare a expliqué que cette somme pourrait permettre à l'entreprise de réduire sa dette, investir dans de nouveaux produits et même racheter la participation de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) de 27,5% dans Bombardier Transport.

«C'est sûr qu'il y a un attrait à racheter notre partenaire dans la division ferroviaire parce que c'est un segment que l'on connaît et cela représente une croissance immédiate de notre profitabilité», a-t-il dit.

Le grand patron de Bombardier n'a toutefois pas voulu dire quel scénario il allait privilégier.

Si les actionnaires ont salué l'amélioration de la situation financière de Bombardier, l'un d'eux a toutefois dénoncé les conditions de rémunération croissante des patrons de l'entreprise alors que le versement d'un dividende est suspendu depuis 2015.

Le président du conseil d'administration, Pierre Beaudoin, a répondu qu'il faudrait encore plusieurs années avant qu'un dividende soit versé puisque la société doit continuer de réduire sa dette. Il a justifié la hausse de la rémunération des dirigeants, affirmant qu'il fallait accepter de payer pour attirer les meilleurs.

«Oui, mais il y a des limites, a répondu Jean St-Pierre, un actionnaire. Combien faut-il de millions pour rendre un président heureux?»

En 2017, les cinq plus hauts dirigeants ont obtenu une rémunération globale de 30,8 millions $ US, en progression de 12,3% par rapport à l'exercice précédent. En tenant compte des conditions du président du conseil Pierre Beaudoin, la paye totale des patrons a progressé de 7%, à 33,4 millions $ US.

Des résultats conformes

En ce qui a trait à sa performance au premier trimestre, l'entreprise a affiché un bénéfice net de 44 millions $ US, ou 1 cent US par action, par rapport à 6 millions $ US, ou 0 cent US par action, il y a un an.

Pour la période de trois mois terminée le 31 mars, le chiffre d'affaires s'est établi à 4 milliards $ US, en progression de 12%.

Abstraction faite des éléments non récurrents, le profit ajusté de Bombardier s'est établi à 35 millions $ US, ou 1 cent par action, comparativement à 38 millions $ US, ou 1 cent US, au premier trimestre l'an dernier.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient sur un profit ajusté de 0 cent US et sur des revenus de 3,87 milliards $ US.

À la Bourse de Toronto, l'action de Bombardier a clôturé à 4 $, en hausse de sept cents, ou 1,78%.