Bombardier (t.bbd.b)  compte toujours livrer ses premiers CSeries dans la première moitié de 2016, mais son grand patron a tempéré la cible des 300 commandes fermes que s'était fixée l'entreprise d'ici les premières livraisons.

«Pour être honnête avec vous, le chiffre de 300 commandes, pour moi, je ne suis pas sûr que c'est une cible en soi», a expliqué le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, lors d'une conférence téléphonique sur les résultats financiers du deuxième trimestre du géant du transport.

L'avionneur a en outre repoussé de deux ans, soit en 2018, l'entrée en service de son avion d'affaires Global 7000, en plus de confirmer le déploiement d'un plan à la grandeur de l'entreprise visant à réduire les coûts.

M. Bellemare n'a pas voulu qualifier de bonne ou mauvaise la cible de 300 commandes fermes pour la CSeries, fixée par l'équipe de direction précédente, mais il a précisé qu'il avait bon espoir de la dépasser d'ici l'an prochain.

«Je ne veux pas dire que cet objectif était mauvais, a dit M. Bellemare, qui est aux commandes de la société depuis cinq mois. Nous avons simplement atteint un point où cela ne compte plus vraiment pour être honnête avec vous.»

Bombardier a obtenu jusqu'à maintenant 243 commandes fermes et 360 autres engagements signés pour le nouvel avion commercial de l'entreprise québécoise.

Les analystes ont par ailleurs longuement questionné la direction de Bombardier sur l'absence de nouvelles commandes pour la CSeries, malgré la présence de l'avion au salon aéronautique du Bourget, le mois dernier à Paris.

M. Bellemare a répliqué en affirmant que le passage de la CSeries en sol français avait permis de confirmer la performance de l'appareil, ce qui a suscité un regain de confiance auprès des clients potentiels, en plus de rappeler que l'équipe des ventes était encore nouvelle.

«Nous sommes dans une situation où les gens ne questionnent plus la performance, a-t-il souligné. Ça prend du temps. Il ne faut pas que les gens s'imaginent que nous allons annoncer de grandes commandes parce qu'on a vu l'avion voler.»

Malgré les commandes qui se font attendre, l'analyste Chris Murray, d'Altacorp Capital, a rappelé que le programme de la CSeries avait dépassé la marque des 2000 heures en vol et que la société avait discuté avec une «demi-douzaine» de clients potentiels.

En ce qui a trait au régime minceur décrété à la grandeur de l'entreprise, le dirigeant de Bombardier a admis que la taille de la main-d'oeuvre faisait encore partie de ce qui était évalué, ajoutant qu'il était trop tôt pour spéculer sur de nouvelles coupes de personnel.

En mai dernier, une semaine après son assemblée annuelle, Bombardier avait annoncé la suppression de 1750 postes - principalement à Montréal - au sein de sa division des avions d'affaires en raison d'un ralentissement de la demande.

«Il serait beaucoup trop tôt pour parler de cela, a expliqué M. Bellemare. Il faut améliorer la performance de l'organisation. C'est un impératif de mieux performer et nous allons prendre les décisions nécessaires.»

Au deuxième trimestre clos le 30 juin, Bombardier a vu ses profits fléchir de 19%, à 125 millions US, ou 6 cents US par action, alors que ses revenus sont passés de 4,9 milliards US à 4,6 milliards US.

Les résultats ont fait plonger l'action de l'entreprise à la Bourse de Toronto. Elle a clôturé à 1,76 $, en baisse de 19 cents, soit 9,74 pour cent.

Sur une base ajustée, en excluant les éléments non récurrents, Bombardier a dégagé un profit de 145 millions US, ou 6 cents US par action, par rapport à 192 millions $ US, ou 10 cents US par action, au deuxième trimestre de 2014.

Cette performance trimestrielle a néanmoins permis à la société de répondre aux attentes des analystes sondés par Thomson Reuters, qui tablaient sur des revenus de 4,6 milliards $ US et un bénéfice ajusté par action de 5 cents US.

Bombardier devrait par ailleurs déposer au quatrième trimestre les documents visant à préparer une partie de sa division ferroviaire en Bourse, mais la direction de l'entreprise n'a rien fait pour faire taire les rumeurs de fusion avec un autre partenaire.

«Ce que l'on cherche à faire, avec l'entrée en Bourse où d'autres options stratégiques, c'est de se préparer à un partenariat éventuel avec un autre joueur qui pourrait renforcer notre position dans l'industrie ferroviaire», a dit M. Bellemare.

Il a réitéré à maintes reprises que Bombardier Transport n'était «pas à vendre».