Barrick Gold a laissé tomber son offre publique d'achat hostile de Newmont Mining au profit de la création d'une coentreprise qui regroupera les activités minières des deux sociétés au Nevada.

Selon les deux entreprises, le regroupement deviendra le plus grand producteur aurifère au monde, en s'appuyant sur leur production totalisant 4,1 millions d'onces pour 2018.

Les deux grandes sociétés aurifères fonctionnent indépendamment au Nevada depuis des décennies, mais n'ont jamais été en mesure de s'entendre sur un moyen de coopérer jusqu'à maintenant.

« Nous considérons cette opération comme bénéfique - non seulement pour les actionnaires, mais aussi pour nos employés, pour les détenteurs de participation locaux et pour le Nevada dans son ensemble », a fait valoir le chef de la direction de Barrick, Mark Bristow, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes.

« Notre coentreprise va nous permettre d'abattre des barrières et d'exploiter nos actifs en tant qu'un seul et même complexe minier, faisant le meilleur usage de nos infrastructures regroupées. »

Le chef de la direction de Newmont, Gary Goldberg, qui prévoit de prendre sa retraite plus tard cette année, a expliqué que Barrick et Newmont avaient exploité leurs activités en tant que bons voisins au Nevada et a rappelé que les deux sociétés avaient collaboré avec succès sur une plus petite coentreprise à Turquoise Ridge.

« Cette entente pave aussi la voie, tant pour Newmont que pour Barrick, à la libération d'une plus grande valeur que celle que nous pourrions créer seules », a ajouté M. Goldberg.

Newmont pourra en outre aller de l'avant avec sa prise de contrôle amicale de la vancouvéroise Goldcorp, une transaction qui sera pleinement appuyée par la coentreprise.

En vertu de l'accord, Barrick détiendra 61,5 % du capital de la coentreprise, tandis que Newmont en possèdera 38,5 %.

La représentation sur le conseil d'administration sera le reflet de la propriété, tandis que les comités auront des représentations égales.

La coentreprise comprendra les mines de Goldstrike, Cortez, Turquoise Ridge, Goldrush et d'autres actifs de Barrick, ainsi que les mines Carlin, Twin Creeks, Phoenix, Long Canyon et Lone Tree de Newmont.

Les deux entreprises ont calculé que la coentreprise leur permettrait de générer des synergies totalisant environ 500 millions US avant impôts annuellement, en moyenne, au cours des cinq premières années complètes du regroupement.

Sur une période de 20 ans, elles visent des économies totales de 4,7 milliards US. De cette somme, 2,8 milliards US seraient attribuables à Barrick et 1,8 milliard US à Newmont.

Les ambitions des économies de coûts ont cependant été accueillies avec prudence par certains analystes.

« Cela est plus important que notre estimation, plus conservatrice », a souligné Stephen Walker, analyste pour RBC Dominion valeurs mobilières, dans une note de recherche.

RBC voit plutôt dans la transaction des économies annuelles d'environ 340 millions US avant impôts, soit 250 millions US après impôts, ce qui représente environ 2,6 milliards US sur 20 ans.

Barrick avait présenté une offre publique d'achat pour Newmont en février, mais l'entreprise de Denver avait répliqué avec une proposition de coentreprise.

La création de la coentreprise est assujettie à certaines conditions, notamment des approbations réglementaires, et devrait être achevée dans les prochains mois.

L'action de Barrick prenait lundi après-midi 33 cents à 17,67 $ à la Bourse de Toronto, tandis que celle de Goldcorp avançait de 25 cents à 14,63 $. À la Bourse de New York, le titre de Newmont cédait 39 cents US à 33,31 $ US.