Cinq coursiers à vélo de l'entreprise Qualité Assurée (QA) Courrier affirment s'être fait montrer la porte après avoir refusé de prendre la route lors de la tempête de neige du 13 février dernier. Lundi matin, une quarantaine de personnes ont manifesté devant les locaux de l'entreprise en appui à leurs démarches visant l'obtention d'un statut d'employé et de meilleures conditions.

Alors que 40 cm de neige avaient enseveli la métropole, cinq des six cyclistes messagers travaillant pour QA Courrier ont débrayé. « C'est un refus des patrons à notre demande d'opérer à pied pour la journée qui a déclenché notre indignation », affirment-ils collectivement. « On avait peur pour notre sécurité. On a dit qu'on ne travaillerait pas si on n'avait pas de meilleures conditions », souligne Julien Lamoureux-Pelletier, coursier depuis deux ans pour l'entreprise.

La partie patronale défend une autre version de l'histoire. « Ils sont entrés dans le bureau, ont laissé leurs livraisons sur la table et ont dit qu'ils voulaient une augmentation de salaire de 25 $. Il n'a jamais été question de leur statut », affirme Peter Hansen, président de QA Courrier.

Les messagers à vélo de QA gagnent la somme journalière de 125 $, selon un horaire de 8 h 30 à 17 h, soit un peu plus de 40 heures par semaine. Ils sont travailleurs autonomes, sans garantie d'heures ni avantages sociaux, une situation généralisée à l'ensemble de la profession. « On a le même salaire, sans prime pour le vélo, les pièces et les vêtements », affirme Pierre-Luc, coursier pour une autre entreprise.

« Le 14 février, on s'est fait dire qu'on pouvait laisser nos radios, on était renvoyés », raconte Alexandre Poirier, qui y travaille depuis trois ans. La journée suivante, une nouvelle offre d'emploi en ligne faisait miroiter aux futurs coursiers un salaire journalier de 150 $ en hiver. « C'était une claque dans la face, ils nous disaient : "On sait ce que vous voulez et on va pas vous le donner" », affirme Alexandre Poirier. Cette publication a entraîné de nombreux commentaires.

Aucune discussion n'a eu lieu entre le groupe de messagers à vélo et M. Hansen. « Le seul contact que j'ai eu, c'est une lettre d'avocat disant que je devais arrêter de me prononcer publiquement, m'accusant de diffamation », raconte Julien Lamoureux-Pelletier.

« Je ne sais pas si je suis ouvert à la discussion, ils m'ont attaqué, moi et ma compagnie », affirme Peter Hansen. Il relate que tout était pourtant au beau fixe lors d'une récente fête d'employés.

Une question de statut

D'autres travailleurs de QA Courrier ont le statut d'employé, comme les responsables des bureaux et les conducteurs motorisés.

Les coursiers sont payés à la commission, avec un salaire minimum de 125 $ par jour. S'ils réussissent à accumuler des commissions supérieures à ce minimum, leur salaire est bonifié de deux à trois dollars par course, soit environ 60 % de la facture. Une situation qui n'arrive que quelques fois par année, souligne Julien Lamoureux-Pelletier. « Avec certains gros clients, QA offre des livraisons gratuites. Ça a un impact sur nous ! Pis ces compagnies, c'est des multinationales comme KPMG, Northern Rose, SNC-Lavalin », ajoute-t-il. Une pratique niée par le patron de l'entreprise.

Alors que l'entreprise QA Courrier affirme ne pas savoir ce qu'il sera fait pour la suite, les cinq messagers écrivent dans une lettre collective être « prêts à engager des poursuites judiciaires, si nécessaire ». Ils veulent retourner au travail, mais avec un statut d'employé.