(Superior) Les États-Unis ont encore connu une solide croissance en 2023, déjouant les pronostics de récession, l’occasion pour l’administration Biden de vanter sa politique économique et de l’opposer à celle de Donald Trump, probable candidat républicain dans la course à la Maison-Blanche.

L’expansion du produit intérieur brut (PIB) américain s’est accélérée en 2023, à 2,5 % contre 1,9 % l’année précédente, selon la première estimation du département du Commerce, publiée jeudi.

« Les experts, depuis que j’ai été élu, n’ont cessé de prédire une récession imminente… », a plaisanté le président Joe Biden, lors d’un discours à Superior (Wisconsin).

La croissance du seul quatrième trimestre a aussi conjuré le sort, à 3,3 % en rythme annualisé – qui compare le PIB au trimestre précédent puis projette l’évolution sur l’année.

« Le PIB du quatrième trimestre a dépassé toutes les prévisions […] et couronné une année résiliente », a commenté Kathy Bostjancic, cheffe économiste de la compagnie d’assurances Nationwide.

L’administration Biden n’a de cesse de vanter les effets de sa politique économique, les « Bidenomics ».

D’autant que Donald Trump met régulièrement en avant la bonne santé de l’économie lorsqu’il était aux commandes, mais aussi celle des finances des ménages, avant la flambée des prix.

« Ère révolue »

« La croissance économique est plus forte que celle que nous avions sous l’administration Trump », a ainsi salué Joe Biden.

« Grâce au peuple américain, les États-Unis ont aujourd’hui la croissance la plus forte et le taux d’inflation le plus bas de toutes les grandes économies du monde », a-t-il encore lancé, reconnaissant cependant qu’il « reste du travail ».

La consommation, principal moteur de l’économie américaine, est restée solide en 2023, en dépit d’un pouvoir d’achat rogné d’un côté par l’inflation, de l’autre par la hausse des taux d’intérêt.

Car les salaires ont eux aussi grimpé et, depuis mi-2023, leur hausse est plus forte que celle des prix.

Le PIB américain avait fait des montagnes russes en 2020 et 2021, enregistrant d’abord le plus fort recul du PIB depuis 1946 (-3,5 %) et deux mois de récession à cause de la COVID-19, puis la plus forte croissance depuis 1984 (+5,9 %).

« Aucune » des politiques de Joe Biden « ne vise à recréer une ère révolue. Ce pays et le monde ont changé et nous ne pouvons pas revenir en arrière », a également déclaré la secrétaire au Trésor, Janet Yellen jeudi.

La ministre de l’Économie et des Finances de Joe Biden a évoqué les différents plans adoptés par l’administration démocrate, et qui flèchent des investissements, entre autres, dans les infrastructures ou les industries vertes.

Un clin d’œil appuyé à Donald Trump, qui accuse régulièrement son rival démocrate de tuer le rêve américain, l’« American Dream », et promet, comme en 2016, de « rendre » au pays « sa grandeur ».

Récession toujours possible

« Ce dont nous avons besoin est d’un nouvel avenir […] alimenté par des industries du 21e siècle, et au cœur duquel se trouve la classe moyenne », a insisté Janet Yellen, lors de ce discours à Chicago (Illinois).

« L’administration (Biden) construit les fondations de cet avenir », a-t-elle assuré, vantant « la reprise économique la plus équitable de l’histoire des États-Unis ».

Joe Biden a d’ailleurs remporté mercredi une victoire bienvenue, en décrochant le soutien de l’influent syndicat automobile américain UAW, qui a appelé à voter pour lui en novembre.

Mais la partie est loin d’être gagnée.

La situation s’est certes largement améliorée sur le front de l’inflation, et le marché de l’emploi reste très dynamique.

Mais le président n’est pas encore à l’abri d’un ralentissement économique, voire d’une récession, en pleine campagne électorale.

Lydia Boussour, économiste pour EY Parthenon, table ainsi sur « un atterrissage en douceur », avec cependant « une probabilité de récession d’environ 35 % ».

La banque centrale américaine (Fed) devrait cependant abaisser ses taux en 2024, ce qui rendra le crédit plus abordable pour les ménages, et leur redonnera du pouvoir d’achat.

Mais pas tout de suite : un maintien au niveau actuel est attendu mercredi, à l’issue de la prochaine réunion monétaire.