(Ottawa) Les bonnes nouvelles au sujet de la livraison de vaccins ne suffiront pas pour immuniser l’économie au début de 2021, a indiqué mercredi la Banque du Canada, alors qu’elle maintenait son taux d’intérêt directeur à son faible niveau et avertissait que la hausse des cas de COVID-19 au Canada pèserait sur la croissance à court terme.

La banque centrale a souligné que les restrictions en réponse à l’augmentation du nombre de cas freineraient la croissance économique pendant les trois premiers mois de la nouvelle année, et que le virus « (contribuerait) à une trajectoire en dents de scie jusqu’à ce qu’un vaccin soit disponible à grande échelle ».

Elle a également fait un clin d’œil à l’aide fédérale aux ménages et aux entreprises qui, selon elle, devrait maintenir les revenus au long de cette deuxième vague de COVID-19 et contribuer aux efforts de reprise.

L’économie canadienne a plongé en mars et avril, lorsque la pandémie est arrivée au pays, alors que les entreprises jugées non essentielles ont été fermées, que les travailleurs ont été invités à rester à la maison et qu’environ trois millions d’emplois ont été perdus.

Depuis lors, le pays a récupéré un peu plus des quatre cinquièmes de ces pertes d’emplois, et la croissance économique pour le dernier trimestre de 2020 dépasse les attentes de la banque.

Les prévisions économiques les plus récentes de la banque centrale s’appuyaient sur le fait qu’un vaccin deviendrait largement disponible en 2022, et non l’année prochaine, comme cela semble désormais être le cas.

Les nouvelles positives sur les vaccins « rassurent quant à la fin de la pandémie », selon le communiqué de la banque, même si « le rythme et l’étendue des campagnes de vaccination à l’échelle mondiale restent incertains ».

Peu de temps après la publication du communiqué de la banque centrale, Santé Canada a approuvé le vaccin de Pfizer contre la COVID-19.

« Ces nouvelles positives sur les vaccins font vraiment plus que contrebalancer les inquiétudes au sujet du contexte économique à court terme », a observé Josh Nye, économiste principal de la Banque Royale.

« Il y a des raisons pour que la banque soit un peu plus optimiste, mais […] elle est restée assez prudente dans cet optimisme. »

En effet, le communiqué de mercredi a souligné que l’économie aurait besoin « d’être appuyée par des mesures de politique monétaire exceptionnelles » sous la forme d’un taux directeur au plus bas et d’un programme continu d’achat d’obligations sans précédent dans l’histoire de la banque centrale.

Taux directeur inchangé à 0,25 %

La Banque du Canada a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé à 0,25 %. Elle a aussi annoncé qu’elle poursuivait son programme d’assouplissement quantitatif en continuant à acheter pour environ 4 milliards d’obligations par semaine.

Ces deux décisions visent à faire baisser les taux d’intérêt sur plusieurs types de prêts, des hypothèques aux prêts aux entreprises pour encourager les dépenses et alléger le poids de l’endettement.

La banque centrale a précisé mercredi qu’elle laisserait son taux de référence à sa « valeur plancher » jusqu’à ce que les capacités excédentaires de l’économie se résorbent assez pour que la cible d’inflation de 2,0 % soit atteinte « de manière durable ».

Dans sa déclaration, la banque a répété qu’elle ne s’attendait pas à voir l’inflation regagner ce niveau avant 2023.

Benjamin Reitzes, directeur des taux canadiens pour la Banque de Montréal, a cependant noté que la projection émanait des prévisions d’octobre, « ce qui suggère que ce calendrier pourrait changer dans la mise à jour de janvier ».

La décision de mercredi était la dernière de 2020 en ce qui a trait à la politique monétaire de la Banque du Canada. Cette année aura vu l’institution réduire les taux d’intérêt de façon importante en réponse à la crise économique causée par la pandémie de COVID-19.

Les actions extraordinaires de la banque centrale l’ont placée dans la ligne de mire politique à la Chambre des communes, où les conservateurs ont remis en question son programme d’achat d’obligations, qui fournit un financement à faible coût de la dette fédérale.

Lors de la réunion de mardi du Comité des finances de la Chambre des communes, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, a défendu l’indépendance de la banque centrale vis-à-vis du gouvernement, lorsqu’interrogée par le critique conservateur Pierre Poilievre.

« C’est quelque chose que j’apprécie et respecte en tant que ministre des Finances, et je pense que tous les députés devraient faire de même », a-t-elle déclaré.

La prochaine décision de taux de la banque est prévue pour la fin janvier. Elle en profitera pour publier une mise à jour de ses perspectives économiques.

La journée de mercredi marquait en outre un nouveau changement dans les échelons supérieurs de la banque centrale, avec le départ de la première sous-gouverneure Carolyn Wilkins, qui a passé près de 20 ans à la banque.

Dans un message transmis sur Twitter, Mme Freeland a remercié Mme Wilkins pour ses années de service. « Votre leadership, votre dévouement et votre expertise ont été indispensables », particulièrement pendant la pandémie, a-t-elle affirmé.